La compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC) a annoncé hier le blocage par un groupe armé de l'un des plus grands champs pétroliers du sud-ouest du pays. Dans un communiqué publié sur son site internet, la NOC a indiqué avoir décrété l'état de "force majeure" dans le champ d'al-Charara, géré par la compagnie Akakus, une joint-venture entre la NOC, l'Espagnol Repsol, le Français Total, l'Autrichien OMV et le Norvégien Statoil. Le champ d'al-Charara, situé dans la région d'Oubari (environ 900 km au sud de Tripoli), est l'un des plus grands sites pétroliers de Libye. Il produit 315 000 barils par jour, sur une production globale libyenne de plus d'un million de b/j, selon la compagnie. Invoqué dans des circonstances exceptionnelles, l'état de force majeure permet une exonération de la responsabilité de la compagnie en cas de non-respect des contrats de livraison de pétrole. Ce blocage affectera également la production dans le champ voisin d'al-Fil (73 000 b/j) approvisionné en électricité par al-Charara, a déploré la NOC, mettant en garde contre un manque à gagner de 32,5 millions de dollars par jour. La compagnie a accusé une "milice" locale qui prétend appartenir aux Gardes des installations pétrolières d'avoir occupé le champ. Les structures pétrolières sont régulièrement la cible notamment d'attaques de groupes armés rivaux ou d'occupations abusives par des tribus ou milices pour des revendications sociales. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, des habitants du sud ont indiqué depuis l'intérieur du site qu'ils bloquaient le champ pour dénoncer leur marginalisation, l'insécurité et les pénuries d'essence, d'électricité et d'argent dans leur région. La NOC a exigé le départ "immédiat et sans condition" de ces hommes armés qui occupent le site, soulignant qu'elle n'avait nulle intention d'engager des négociations (...) avec ces miliciens. "Il faut que ces milices évacuent le champ immédiatement", a déclaré le chef de la NOC, Moustafa Sanalla. Par ailleurs, l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (EI/Daech) a exécuté 6 otages qu'il retenait depuis près de deux mois à Fougha (centre de la Libye), a annoncé dimanche soir un officiel local. Osman Hassouna, responsable du district de Joufra, a précisé à la chaîne Libya al-Ahrar que les aînés de Joufra étaient en train de négocier un échange de détenus entre les terroristes et l'armée. L'EI avait revendiqué une attaque menée en octobre dernier à Joufra, à quelque 650km au sud-est de la capitale, Tripoli, où 5 personnes ont trouvé la mort. Il avait dit avoir tué ou capturé plusieurs soldats et brûlé leurs maisons avant de prendre la fuite. Lien entre les villes de l'ouest, de l'est et du sud de la Libye, Joufra a été reprise en juin 2017 aux groupes armés par les forces de l'Armée nationale libyenne (ANL), la puissante milice de Khalifa Haftar qui contrôle l'est du pays. R. I./Agences