“Pauvres artistes, la gloire leur vient quand ils sont enterrés”, la citation de Harry Bernard, illustre on ne peut plus clairement la précarité de la profession d'artiste dans le monde et plus particulièrement en Algérie. Décrétée Journée nationale de l'artiste, le 8 juin de chaque année renvoie les artistes algériens à l'amère réalité de leur métier d'artiste. Le métier de la incertitude et de la fragilité. La Journée de l'artiste cette année n'a pas dérogé à la règle, plusieurs manifestations sont organisées à travers tout le pays, à Alger particulièrement, où le débat sur la situation de l'artiste et son statut au sein de la société a été évoqué pour la énième fois. On leur offre des roses, on les invite à se produire çà et là, on les remercie pour les loyaux services rendus au pays, on rend hommage à ceux qui nous ont quitté. On leur promets des choses beaucoup de choses. Un statut qui tarde à venir avant tout. Si les artistes font bouger les frontières mentales comme le dit la jeune cinéaste iranienne Samira Makhmabaf, leur situation elle ne change pas d'un iota. Travailler au cachet met, souvent, ses derniers face au spectre du chômage et des lendemains incertains. Une situation qui fait à chaque fois gesticuler le Syndicat national des artistes, pour réitérer les revendications des artistes. Dans une conférence de presse animée mercredi, le secrétaire général du Syndicat national des artistes Amar Laidoune affirmait que seul un statut de l'artiste serait en mesure de garantir une véritable prise en charge de l'artiste et de ses intérêts. Le conférencier indiquera que depuis la création de son syndicat, il y a deux ans, ce dernier a mis en place des groupes de travail conjoints avec le ministère de la Culture d'une part, et l'Office national des droits d'auteur et droits voisins (Onda), d'autre part. Le but de ce travail serait d'élaborer un statut de l'artiste et dynamiser les mécanismes garantissant ses droits par le biais de l'Onda. Le syndicat, précise l'orateur, a engagé un dialogue avec les opérateurs de la scène artistique et culturelle nationale, notamment les éditeurs et les organisateurs de spectacles, afin de pousser ses derniers à respecter les droits des artistes. Un dialogue, qui reste conditionné par les lois du marché et surtout dépendant de la bonne volonté des éditeurs. Après deux années d'activité, le syndicat des artistes est loin d'avoir atteint ses objectifs, dont l'élaboration d'un statut et la création d'un fonds de solidarité sont les principaux. Le conférencier invitera les artistes à faire du 8 juin une journée de contestation, tout en indiquant que les représentants des 36 bureaux de wilaya se réuniront les 26 et 27 juillet prochain, à l'occasion de la conférence nationale de l'artiste pour élire un bureau national. W. L.