Présentée comme la panacée qui permettra au système de se maintenir sans demander trop d'efforts à Abdelaziz Bouteflika, l'idée du report de l'élection présidentielle d'avril prochain est en train d'être abandonnée. Du pouvoir jusqu'à l'opposition, un consensus semble se dégager autour du maintien du calendrier électoral. Après des semaines de flou, le pouvoir clarifie davantage, un peu plus, sa position. Le report de l'élection présidentielle n'est plus une option sérieuse, affirmait le quotidien gouvernemental El Moudjahid. Le message est immédiatement relayé par le porte-parole du RND. Seddik Chihab affirme, dans une interview accordée au quotidien El Watan, qu'au "RND, nous ne voyons pas d'éléments qui imposeraient le report". Tout en précisant que son parti n'adhérera pas aux thèses défendues par TAJ dans les prochaines rencontres, le responsable du RND a ajouté : "Nous sommes tenus par des échéances, et ce qui fait le sérieux de l'Algérie, c'est qu'elle a toujours respecté ses échéances, et c'est en respectant ces échéances qu'on arrive à construire des institutions pérennes." Il a ainsi emboîté le pas à son patron, Ahmed Ouyahia, qui avait assuré, il y a quelques mois, que l'élection présidentielle aura lieu en avril. Maintenant que l'option de retarder le scrutin semble être écartée, il reste à savoir comment en est-on arrivé là. À l'évidence, l'idée de reporter ou de décaler le scrutin présidentiel n'a pas été une simple invention des journalistes. Une partie du système, qui n'entrevoit vraisemblablement pas une issue qui l'arrange, est derrière cette idée. Pour donner plus de crédit à cette thèse, ses promoteurs ont chargé un membre de l'opposition, Abderrezak Makri en l'occurrence, de l'adopter et de l'annoncer à une classe politique qui ne parvient pas à y voir clair. Les images d'un chef de l'Etat très affaibli par la maladie, diffusées le 1er novembre dernier, ont fini par faire douter les plus irréductibles des thuriféraires d'Abdelaziz Bouteflika de voir leur champion briguer un nouveau mandat à la tête de l'Etat. Cela a donc donné du crédit à cette thèse du report. Sauf qu'au sein du système, tout le monde ne semble pas être sur la même longueur d'onde. Reporter l'élection présidentielle signifie que le pays va sombrer dans une nouvelle période d'incertitude. Et pour un système qui s'est toujours montré très regardant sur les formes, cela ne peut l'arranger. Des proches de candidats potentiels pour succéder au chef de l'Etat, si jamais ce dernier venait à renoncer à son rêve de mourir Président, ne voient pas non plus d'un bon œil un report de cette importante échéance électorale. Pour l'instant, seule l'option d'une nouvelle candidature d'Abdelaziz Bouteflika, affaibli, malade et carrément absent de la scène publique, semble faire consensus parmi les différentes composantes du régime. S'il reste encore quatre mois pour l'élection présidentielle, cette éventualité de voir l'actuel locataire d'El-Mouradia rempiler est de plus en plus probable. À moins que les laborantins du régime ne cachent d'autres scenarii qu'ils sortiront à la dernière minute. Ali Boukhlef