Confronté à plusieurs mouvements de protestation dans son secteur, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique refuse de dialoguer avec les syndicats non agréés. Sans épiloguer sur la colère des enseignants universitaires qui menacent de faire grève si leurs revendications, sociales essentiellement, n'aboutissent pas, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, a déclaré, jeudi au Cercle militaire de Beni Messous, en marge des travaux de la Conférence nationale des universités, que "je ne reconnais pas le Cnes (Conseil national des enseignants du supérieur) et je ne discuterai pas avec lui". Il a, ainsi, mis de côté un dossier épineux et surtout récurrent, en déniant au dit syndicat une existence légale, donc le droit de servir d'interface entre ses affiliés et la tutelle. À vrai dire, le Cnes souffre d'une scission qui a conduit à l'élection de deux directions parallèles. Aucune n'a été, jusqu'alors, confortée dans sa légitimité par l'agrément du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. L'Union générale des étudiants libres (Ugel) est confrontée à un imbroglio organique similaire. Face à la montée au créneau des chercheurs permanents, qui ont observé à la fin du mois de novembre, un sit-in pour dénoncer l'absence d'un statut particulier et la faiblesse des budgets et des moyens accordés à la recherche scientifique, le membre du gouvernement s'est astreint à indiquer qu'il avait rencontré le président du Syndicat national des chercheurs permanents (SNCP), une semaine plus tôt. Il est brièvement revenu sur la fermeture de 72 laboratoires de recherches universitaires, car ne répondant pas aux normes spécifiques. Il a opposé, à cette dissolution, l'ouverture de "81 nouveaux laboratoires devant contribuer à l'amélioration du rendement de la recherche scientifique dans toutes les spécialités". Interpellé sur le dysfonctionnement de la plateforme numérique Progress dans le traitement des dossiers d'accès aux masters, le Mesrs a complètement nié le recours à ce système pour cette opération. "Nous avons utilisé, cette année, la plateforme uniquement pour l'orientation des nouveaux bacheliers et la réception des candidatures au master. L'étude des dossier s'est faite au niveau des établissements universitaires concernés", a-t-il attesté. à l'ouverture de la Conférence nationale des universités, le ministre a exposé un bilan reluisant de son secteur, se félicitant particulièrement d'avoir réussi à trouver une place pédagogique à tous les nouveaux bacheliers. Il a, néanmoins, occulté la réalité : 80% des 255 500 reçus au bac session 2018 ont été affectés au LMD. Au-delà du fait que ce système a montré ses lacunes, de l'avis des enseignants, les étudiants éprouvent de grandes difficultés à accéder au master puis au doctorat après les trois années de licence, à cause… du manque de places dans les universités. Tahar Hadjar n'a point abordé ces aspects de la question. Il a prêché, pour la circonstance, la bonne parole, en exhortant les recteurs à "aplanir les difficultés entravant les doctorants ayant rempli toutes les conditions fixées par la réglementation en vigueur de soutenir leur thèse". Le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et du développement de la recherche scientifique (Forem), le Pr Mustapha Khiati, a plaidé pour l'accélération du lancement des travaux d'une agence pour la qualité, afin de lutter contre le phénomène de plagiat ; l'installation de commissions d'éthique au niveau des facultés et des universités et la création d'une base de données pour l'ensemble des travaux de recherche au niveau des universités. Il a, par ailleurs, demandé la mise en place d'un doctorat professionnel pour renforcer la relation entre les entreprises économiques et les établissements de l'enseignement supérieur. Souhila Hammadi