La ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, a présenté, hier, les résultats du premier trimestre de l'année scolaire 2018-2019. Les résultats des élèves ayant obtenu la moyenne dans 27 000 établissements dépassent pour les trois paliers le seuil des 50%. Ils sont de 81% dans le primaire, 61% dans le cycle moyen et 63% dans le secondaire. Ces taux ainsi livrés sont, a priori, de nature à donner satisfaction, mais très peu partagés par la famille de l'éducation, notamment les syndicats qui ont présenté un constat opposé à celui de la ministre, en faisant état, chacun de son côté, de "déclin" ou de "maigres" résultats au premier trimestre de l'année en cours. Ainsi, le Conseil des enseignants des lycées d'Algérie (Cela) a annoncé, dans un communiqué de son bureau national, samedi dernier, avoir effectué une étude sur le terrain qui démontre que 45% des élèves du cycle secondaire n'ont pas obtenu la moyenne, en précisant que 60% de ceux qui ont obtenu la moyenne ont eu de faibles notes dans les quatre matières essentielles, à savoir les mathématiques, la physique, le français et l'anglais. Le chargé de communication du syndicat, Zoubir Rouina, a révélé que ce constat, qui a pour origine les rapports transmis par les représentants syndicaux dans 20 wilayas, "ne reflète pas la réalité" du niveau des élèves, parce qu'il s'agit du niveau secondaire seulement. "On s'attendait à pire", dit-il encore, avant d'expliquer qu'il est "une suite logique de la situation du secteur de l'éducation nationale", marquée par des problèmes aussi divers que "la formation des enseignants, la surcharge des classes et la politique d'austérité imposée par le gouvernement et qui astreint les établissements à fonctionner avec moins de 60% du budget qui leur était alloué, et le manque d'encadrement pédagogique ou administratif". "C'est un tout", a-t-il estimé. Il est rejoint dans ce constat par le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'enseignement et de la formation (Satef), Boualem Amoura, qui n'hésite pas à remettre en cause les résultats donnés par la ministre de tutelle, en affirmant, sans ambages, que "du moment que la ministre elle-même a déclaré, il y a vingt jours environ, que le niveau de nos élèves est faible, ces statistiques ne sont pas fiables. Surtout cette année avec le problème de la surcharge des classes, mais aussi le fait que les enseignants de la 5e AP et de la 4e AM travaillent sur de nouveaux programmes, mais avec les anciens manuels, donc ils ne se retrouvent pas, et les élèves ont du mal à suivre. Et même à 61%, c'est insuffisant. De plus, ces résultats ne reflètent pas le niveau réel de l'école et de nos élèves, parce qu'il faut savoir que les enseignants donnent aux examens, beaucoup plus les sujets des matières qui font appel à la mémorisation (histoire-géographie, arabe, etc.) et dont les coefficients sont supérieurs à ceux des matières qui nécessitent l'intelligence et l'analyse (sciences naturelles et physique). C'est pour cela que nous demandons une vraie refonte du système éducatif", a-t-il suggéré. Pour le coordinateur national du Syndicat autonome des professeurs d'enseignement scientifique et technique (Snapest), Meziane Meriane, il y a "un déclin" des résultats scolaires, mais il est le résultat de la crise financière. "Il ne faut pas s'attendre à de bons résultats alors que les conditions pédagogiques ne sont pas adéquates", a-t-il estimé en prenant pour exemple la surcharge des classes à travers le pays. Et de rappeler que "le Premier ministre considère qu'une classe de plus de 30 élèves n'est pas une surcharge et que les responsables de l'éducation estiment qu'une classe de 40 à 45 élèves ce n'est pas une surcharge, alors qu'en réalité, il y a surcharge des classes". À cela s'ajoute "le départ en retraite de la majorité des enseignants qui ont de l'expérience et leur remplacement par de nouveaux enseignants qui manquent de formation psychopédagogique, mais aussi, la surcharge des programmes qui se répercute négativement sur les élèves". Enfin, le président de l'Unpef, Sadek Dziri, a, en se fiant aux rapports des assemblées générales des wilayas, estimé, lors du conseil national de son syndicat, que de "maigres" résultats scolaires ont caractérisé le premier semestre de l'année en cours, d'où, a-t-il ajouté, une vive polémique qu'ils ont suscitée auprès de l'opinion publique et auprès des parents d'élèves, quant à l'efficacité de la politique adoptée pour améliorer le niveau de l'école. Amar R. [email protected]