Dès le départ, il avait plaidé la thèse d'un complot de sa belle-famille. Abderazak Besseghir, le bagagiste de Roissy, avait raison. C'est sa belle-famille qui avait monté le coup contre lui pour le faire passer pour un présumé terroriste. Hier, en fin de matinée, le principal témoin de l'affaire est passé aux aveux. “Le militaire qui l'avait dénoncé, Marcel Le Hir, a avoué en garde à vue qu'il avait participé à un complot pour le mettre en cause, en liaison avec sa belle-famille”, a déclaré vendredi le procureur de Paris, Yves Bot. L'ancien légionnaire avait reconnu avoir placé lui-même les explosifs et les armes dans la voiture de Besseghir, avec la complicité de Patrick Pouchoulin, lui-même arrêté et placé en garde à vue. Abderazak Besseghir, incarcéré à la prison de Fleury- Mérogis, devrait être mis en liberté incessamment. Tout a commencé le 28 décembre dernier dans le sous-sol de l'aéroport de Roissy. Alors qu'il n'avait pas encore fini son service, le jeune d'origine algérienne, âgé de 27 ans, avait été aperçu devant son véhicule par un ancien légionnaire, employé d'une société privée. L'homme alerte la police qui viendra cueillir Abderazak quelques heures plus tard. Dans le coffre de la voiture les policiers découvrent un véritable arsenal : cinq pains d'explosifs, deux détonateurs, une mèche lente, un pistolet automatique chargé et un pistolet-mitrailleur. L'enquête révèle la présence de traces d'explosifs sur la banquette arrière du véhicule. Ce qui compromettait davantage la situation du prévenu. Après une garde à vue qui a duré quatre jours, Abderazak est mis en examen pour “association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste” et “infraction à la législation sur les armes, les munitions et sur les explosifs”. L'interrogatoire de la police ne débouche sur rien. Le présumé terroriste affirme être l'objet d'un complot familial. Il s'agirait, selon lui, d'un acte de vengeance de sa belle-famille qui ne lui a jamais pardonné la mort de sa femme décédée dans un incendie le 2 septembre 2002. Marié à Louisa, 3 années plus tôt, le couple n'a pas longtemps tenu malgré la naissance d'un enfant. Dépressive, l'épouse se serait suicidée en déclenchant un incendie au domicile conjugal. La belle-famille n'a jamais cru à la version de Besseghir, en soutenant que la femme a été assassinée. Lors de la garde à vue, les deux frères et le père de Abderazak ont affirmé aux enquêteurs que l'ancien légionnaire dénonciateur est un ami de la famille de Louisa. Dix jours après l'incarcération de Abderazak, la vérité finit par éclater. Hier, le parquet de Bobigny a ouvert une enquête “pour dénonciation calomnieuse et dénonciation d'un crime ou délit imaginaire”. Le parquet a requis deux mandats d'arrêt contre Marcel Le Hir et Patrick Pouchoulin. Fin de calvaire pour Abderazak Besseghir. Il devrait retrouver dans la soirée sa famille et son fils. F. A.