Le gouverneur de la Banque d'Algérie a constaté que la progression du financement de l'économie a surtout profité aux secteurs de l'énergie et de l'eau. Le rôle des banques dans le financement sain et durable de l'économie nationale est plus que jamais crucial. C'est ce qu'a souligné, hier, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal, à l'ouverture d'une rencontre sur la modernisation des banques organisée par l'Association professionnelle des banques et établissements financiers, au Centre international des conférences à Alger. M. Loukal a constaté que "le financement de l'économie algérienne demeure largement dominé par la dépense publique, elle-même dépendante, dans une large mesure, de la fiscalité pétrolière". Le gouverneur de la Banque d'Algérie estime que l'investissement productif marchand doit s'élever et s'étendre, beaucoup plus que par le passé, aux industries manufacturières et services productifs marchands, dont le socle est constitué en Algérie, comme ailleurs, par les petites et moyennes entreprises, principales pourvoyeuses d'emplois. "Accompagner cet investissement par des financements est crucial pour la réussite de la diversification de l'économie. Le rôle des banques à cet égard est primordial", a insisté M. Loukal. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a fait remarquer que la forte hausse des crédits à moyen et long terme, dans le total des crédits, observée au cours des dernières années, résulte, essentiellement, des crédits liés aux financements des investissements dans les secteurs de l'énergie et de l'eau. "Même si le financement de l'économie a indéniablement progressé, ces dernières années, avec une croissance des crédits de 8,7% en 2016, 12,3% en 2017 et 13,8% en 2018, il n'en demeure pas moins que cette progression n'a pas été totalement inclusive dans l'ensemble des secteurs de l'économie", a relevé le gouverneur de la Banque d'Algérie, suggérant que les financements soient orientés davantage vers les projets dans les industries manufacturières et les services productifs portés par les petites et moyennes entreprises. En effet, le rôle dominant de l'Etat dans l'économie semble façonner le comportement des banques, notamment publiques, en matière de politique de crédit. Par ailleurs, la collecte des ressources est le talon d'Achille du système bancaire algérien. Sur environ 5 000 milliards de dinars de monnaie fiduciaire en circulation, soit 32% de la masse monétaire globale, entre 1 500 milliards de dinars à 2 000 milliards de dinars, représentent l'épargne hors circuit bancaire des agents économiques. "L'amélioration des services bancaires existants et une politique agressive d'offres de services bancaires innovants, y compris une politique de taux attrayants permettraient certainement de drainer une grande partie de cette épargne vers le circuit bancaire", a soutenu M. Loukal. Cette démarche, a-t-il ajouté, est d'autant plus nécessaire que l'actuelle aisance en matière de liquidité bancaire est générée par le financement monétaire appelé à prendre fin dans un horizon temporaire limité. Pour le gouverneur de la Banque d'Algérie l'amélioration et le développement de l'intermédiation bancaire devrait reposer sur la modernisation du système des banques. Il a annoncé que "la commission bancaire s'apprête à demander la conduite, par les banques et les établissements financiers, d'audits de leurs systèmes d'information sur la base d'un cahier des charges exhaustif et uniformisé". Meziane Rabhi