Les travailleurs de l'Union syndicale, "ne pouvant rester en marge des aspirations populaires profondes qui s'expriment", joignent leurs voix pour réclamer un changement du système. Les travailleurs de la zone industrielle Rouiba-Réghaïa, l'un des bastions forts de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), se démarquent des positions politiques du secrétaire général de la Centrale syndicale en appelant à une convocation "d'urgence de la commission exécutive nationale", l'instance suprême entre deux congrès de l'Union, pour éclaircir la position des travailleurs et de l'UGTA "dans l'intérêt du pays". Dans une déclaration rendue publique, hier, l'union locale UGTA de la zone industrielle Rouiba-Réghaïa indique qu'elle s'est réunie, hier, "sur insistance des travailleurs et des sections syndicales" pour débattre de la situation actuelle que traverse l'Algérie et du mouvement populaire en cours. Saluant "le caractère pacifique, fraternel et responsable des manifestations", le communiqué syndical explique que les travailleurs "ne pouvant rester en marge des aspirations populaires profondes qui s'expriment", joignent leurs voix pour demander un changement du système. Un nouveau système, ajoute la même source, "qui préserve la propriété inaliénable du peuple sur les richesses naturelles de la nation, réhabilite le rôle de l'Etat dans le développement économique et social et la lutte contre la pauvreté et les inégalités". Les travailleurs réclament également un système qui, selon eux, se démarque des oligarchies, revalorise la valeur du travail et place l'homme au centre du développement. Les travailleurs affirment également que "l'UGTA ne doit pas s'inscrire en porte-à-faux avec l'Histoire" et ne pas aller à contre-courant de leurs sentiments et de leur adhésion "aux aspirations de la nation au changement pour une vie meilleure". L'union locale de la zone industrielle Rouiba-Réghaïa n'est pas la première section syndicale affiliée à l'UGTA à prendre ses distances avec l'engagement inconditionnel de Sidi-Saïd en faveur d'un 5e mandat pour Bouteflika puisqu'un vent de protestation a commencé à souffler sur le SG de l'Union en début de semaine. Mardi dernier, la maison Abdelhak-Benhamouda, siège national de l'UGTA, avait abrité un rassemblement organisé à l'extérieur par les opposants à Sidi-Saïd alors qu'en même temps, un contre-rassemblement se tenait dans la cour du siège syndical par ses partisans. Les contestataires, des militants de base et d'anciens cadres du syndicat, ont scandé des slogans hostiles à son égard, le traitant de "traître". Par ailleurs, le syndicat de l'Entreprise publique de production des produits électroménagers (Eniem) et le syndicat national des chercheurs permanents annoncent qu'ils se démarquent des actions de l'UGTA. De son côté, le syndicat national des chercheurs permanents a gelé son affiliation à l'UGTA, pour apporter son soutien à la dynamique populaire qui rejette le 5e mandat. Saïd OUSSAD