Les ministres de l'Intérieur des 28 pays membres de l'Union européenne se sont limités à faire le constat de l'impasse persistante dans les tentatives à s'entendre sur la réforme de leur système commun d'asile. "Aucun consensus n'a encore été atteint", a admis la ministre roumaine de l'Intérieur, Carmen Dan, qui présidait une réunion avec ses homologues à Bruxelles, avant d'ajouter : "Nous allons donc nous concentrer sur les autres dossiers" qui composent la vaste réforme de l'asile. Ces déclarations traduisent les divisions prévalant actuellement au sein de l'UE sur la crise migratoire. La réunion de jeudi des ministres de l'Intérieur des 28 a été l'occasion de prendre acte de l'impasse persistante des tentatives de mieux répartir la charge de l'accueil des demandeurs d'asile dans l'UE, au cœur des controverses européennes depuis plusieurs années. En dépit des appels de plusieurs pays, dont la France et l'Allemagne, ainsi que la Commission, à avancer sur des sujets moins explosifs que celui de la prise en charge des demandeurs d'asile, les divisions persistent. Parmi les propositions de ces pays figure la création d'une "véritable agence européenne de l'asile" ou encore au renforcement des bases de données d'empreintes de migrants. Il faut "adopter le plus rapidement possible" les textes sur lesquels les Etats membres ont bien avancé, sans attendre un accord sur un nouveau "règlement Dublin" (le texte décrié qui définit quel pays est responsable du traitement d'une demande d'asile), a insisté le secrétaire d'Etat français Laurent Nunez devant ses homologues. De son côté, le ministre allemand de l'Intérieur, Horst Seehofer, a affirmé qu'"il faut adopter les instruments qui sont prêts", car a-t-il ajouté : "Cela donnerait à nos concitoyens le sentiment que nous sommes prêts à passer à l'action" dans le domaine des migrations, l'un des thèmes centraux des élections européennes prévues fin mai. Dans une tribune diffusée en Europe, le chef de l'Etat français avait appelé quant à lui à une "remise à plat" des règles de l'espace Schengen de libre-circulation, qui va de pair selon lui avec l'harmonisation des règles d'accueil des demandeurs d'asile dans l'UE. Mais plusieurs pays, comme l'Italie, la Pologne ou encore la Hongrie, ont réaffirmé jeudi qu'ils n'accepteraient pas de "saucissonner" la réforme de l'asile. En d'autres termes, ils ont signifié que s'il n'y a pas d'accord sur un nouveau système de Dublin, il n'y aura d'accord sur rien en matière d'asile. Tel qu'il existe actuellement, et tel que la réforme sur la table propose de le modifier, "le règlement Dublin reste pénalisant pour le pays de première entrée parce que c'est toujours à lui de traiter la demande d'asile", a estimé jeudi le représentant du gouvernement italien. Les pays du groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie) rejettent au contraire la réforme en raison des mesures de solidarité obligatoires avec les pays comme la Grèce ou l'Italie, qui y sont proposées.