Les travailleurs de plusieurs entreprises publiques et privées ont observé, hier, des sit-in, et organisé des marches à l'intérieur de leurs établissements, en réponse à l'appel de la grève générale. Les employés des sociétés relevant du secteur public se joignent ainsi au mouvement de protestation contre le 5e mandat, enclenché depuis presque un mois à travers tout le pays. Avec la même ferveur, la même indignation et les mêmes slogans, les effectifs de ces entités ont clairement exprimé, in situ, leur rejet du 5e mandat et ont exigé le départ du système. C'est le cas des salariés de certaines filiales du groupe Sonelgaz implantées notamment à Annaba, à Relizane et à Alger… Ceux de Sonelgaz de Gué-de-Constantine ont improvisé une marche dans l'enceinte de leur structure dès les premières heures de la matinée. "Je parle au nom des employés libres de Sonelgaz : nous sommes contre le 5e mandat et contre l'intronisation d'un ‘cadre' à la magistrature suprême du pays !", lance, tout de go, un ingénieur rencontré sur les lieux. "Nous ne voulons pas d'un report, mais d'une annulation pure et simple de l'élection présidentielle", insiste-t-il. "Que toute cette bande de maffieux qui a accaparé le pays parte définitivement", déclare ce jeune cadre. Hormis les directeurs, tout le personnel de cette structure, qui englobe plusieurs filiales du groupe, a pris part à ce débrayage. Une mention spéciale pour les femmes, nombreuses dans cette manifestation. Leurs confrères et leurs consœurs de Sonatrach, notamment ceux de Hassi Messaoud, d'In Amenas, de Hassi Berkine et de Boumerdès, leur ont emboîté le pas. Ils se sont, eux-aussi, mobilisés pour être au rendez-vous de cette grève. Ils ont quitté leurs postes pour répondre favorablement à l'appel à la grève générale. À Annaba, les fonctionnaires de la direction régionale du Trésor public ont aussi adhéré à l'appel à cette manifestation nationale. Dans cette même wilaya, le port a été paralysé après le débrayage organisé par ses travailleurs. Idem pour l'enceinte portuaire de Skikda. Dans les wilayas de Béjaïa et de Bouira, presque toutes les activités ont été bloquées par les citoyens grévistes. Employés de sociétés publiques et privées, port et aéroport, transports en commun et épiceries ont adhéré à cette manifestation d'envergure. À Rouiba, les employés de la SNVI se sont également mis en grève. Après avoir été empêchés de marcher, ils se sont rassemblés dans l'entreprise et ont décidé d'entamer, aujourd'hui, une grève de quatre jours. Les employés de la Direction des services agricoles (DSA) de Guelma ont, eux-aussi, manifesté contre le 5e mandat. Il est à noter que le groupe Cevital est la première société privée qui a annoncé son adhésion au mouvement de grève. Le Groupe est solidaire avec tous les manifestants et les acteurs de cette protestation initiée par la société civile pour réclamer un changement de système. À Dar El-Beïda, le personnel de l'opérateur Mobilis a respecté le mot d'ordre de grève et a exprimé sa solidarité avec tous les protestataires devant le siège de l'entreprise. La même ambiance de contestation est, en outre, constatée au sein des agences d'Algérie Télécom où d'innombrables abonnés n'ont pu bénéficier des prestations de service des agents grévistes. Dans le secteur privé, l'on annonce le débrayage des travailleurs du groupe Mazouz, spécialisé dans l'assemblage automobile. C'est dire que l'appel à la grève générale, aussi anonyme soit-il, a reçu un écho favorable parmi l'ensemble des citoyens, voire au sein de toute la société…