Résumé : Belkacem est formel. Ghenima ne devrait pas être loin, mais il faut qu'il parte à sa recherche avant que son frère Mokrane ne se réveille de sa torpeur et ne saccage la maison. Il avoue même à Fatiha qu'il était au courant de la relation de sa sœur avec Mohand le forgeron. La jeune femme se racle la gorge. - C'est vrai que Ghenima m'avait entretenue sur ce sujet. Nedjima, la belle-sœur de Mohand, en avait même touché un mot à ta mère. Mais cette dernière n'était pas du tout intéressée. - Ah ! voilà que j'en apprends des nouvelles ! Et pourquoi ma mère ne nous a-t-elle rien dit ? - Je ne sais pas. Yemma Zouina est superstitieuse et pense peut-être que quelqu'un qui "joue" avec le feu est un proche du diable. - Quelle idée ! Moi j'aime bien Mohand. Il est serviable, généreux et brave. Ghenima n'aurait pas trouvé mieux. - Yemma Zouina aurait aimé quelqu'un de plus aisé. - Hum, je vois. Le beurre et l'argent du beurre. Voilà donc où mènent ses superstitions. Aïssa est riche, mais n'est pas du tout le portrait de l'homme idéal pour ma sœur, d'autant plus qu'il est bien plus âgé qu'elle, et qu'il n'a jamais pu retenir une femme auprès de lui plus d'une année ou deux. Toutes ses femmes sont décédées, les unes après les autres. C'est quand même louche, tu ne trouves pas ? Fatiha hausse les épaules. - Que veux-tu que je te dise. Moi je n'aime pas cet homme. Je l'ai toujours évité, et à l'idée de l'avoir dans la famille, j'en suis arrivée à en perdre le sommeil. Belkacem se lève. - Je crois qu'il est temps de partir. - Où vas-tu ? - Chercher Ghenima bien sûr. - Où et comment ? Tu vois bien que le temps a changé, et le froid commence à se faire de plus en plus ressentir. - Elle a bien osé affronter la nature ma sœur, n'est-ce pas ? Eh bien, j'en ferai de même moi aussi, même si ce n'est pas pour la même cause. - On ne sait même pas de quel côté elle est partie. - Crois-tu qu'elle l'aurait crié sur tous les toits ? - Bien sûr que non. Mais tout de même, tu prends de grands risques toi aussi Belkacem. Et si jamais quelqu'un t'agresse ou se met au travers de ton chemin ? Belkacem se met à caresser le cran d'arrêt qu'il portait à sa ceinture. - J'ai tout ce qu'il faut pour me défendre. Ne crains rien, Fatiha. Je vais tenter de remédier un tant soit peu à toute cette tragédie. Fatiha prit peur tout de même et lance sans réfléchir : - Ne devrais-tu pas passer chez Mohand ? Peut-être que Ghenima... - Quoi ? Que veux-tu dire ? Belkacem saisit sa femme par les épaules et se met à la secouer. - Tu insinues que Ghenima a été se cacher chez Mohand ? Fatiha devint écarlate en se rendant compte de sa bévue. - Je n'insinue rien. Je voulais seulement dire que Mohand pourrait t'aider ou t'accompagner. Belkacem s'exclame : - Tu perds la boule ou quoi, Fatiha ! Tu veux que j'aille raconter à Mohand que ma sœur a fugué ! (À SUIVRE) Y. H.