Résumé : Zouina se demandait comment annoncer la nouvelle à Ghenima. Cette dernière ne sautera sûrement pas de joie en apprenant qui était son prétendant. Zouina repense à la proposition de Nedjima, la belle-sœur de Mohand le forgeron, qui avait sous-entendu que ce dernier s'intéressait à sa fille. La vieille se mordit les lèvres. Dire que maintenant Ghenima doit s'allier à un homme qui n'aura jamais traversé ses pensées ne serait-ce qu'une seconde. Elle met la main sur sa bouche et se remet à pleurer de plus belle. Son foulard avait glissé, et ses cheveux, blancs comme neige, lui donnaient un air plus mélancolique encore. C'est dans cet état que Ghenima la retrouva. Elle pousse un cri en s'approchant d'elle et en remarquant les longues traces de larmes qui sillonnaient son visage. Un malheur est-il arrivé ? Ghenima prend sa mère par les épaules et se met à la secouer. - Pourquoi pleures-tu, yemma ? Que s'est-il passé ? Pourquoi père est-il parti sans déjeuner ? Et toi pourquoi restes-tu ainsi à te morfondre dans une solitude inhabituelle pour toi ? Zouina regarde longuement sa fille avant de la serrer dans ses bras. - Ah, ma petite gazelle ! Ah si tu savais le malheur qui s'abat sur nous ! Ghenima sursaute. - Le malheur ? Zouina se met à lui caresser les cheveux, puis le visage, puis se remet à pleurer. - Je vais te perdre, ma petite. Des sanglots l'empêchèrent de terminer sa phrase, et Ghenima se redresse d'un bond. - Que veux-tu dire par me perdre, mère ? Le cœur de la jeune fille battait la chamade, et elle sentit une sueur froide inonder son corps. - Dis, mère. Dis-moi ce qui se passe enfin. Pourquoi me fais-tu languir tant ? De quoi s'agit-il donc ? Zouina remet son foulard, puis met un peu d'ordre dans ses vêtements avant de se relever. - Assieds-toi, Ghenima. Assieds-toi, ma fille. Ce que je vais te dire ne doit ni te surprendre ni te mettre mal à l'aise. Seul le destin décide pour nous, et ses voies sont impénétrables. Ghenima est de plus en plus mal à l'aise. Les paroles de sa mère l'avaient intriguée. Zouina faisait davantage office d'assurance dans les plus difficiles des situations. Mais on dirait que cette fois-ci, elle est confrontée à quelque chose qui dépasse tout entendement. Ghenima s'asseoit sur une natte et attend que sa mère vienne se mettre près d'elle. - Vois-tu, ma fille, commence-t-elle, toute femme est appelée à quitter ses parents un jour pour fonder un foyer et une famille. L'humanité s'est basée sur cette règle depuis la nuit des temps. Nous avons toutes accepté le choix de nos parents, car qui mieux que les parents connaît le bonheur de ses enfants ? Ghenima hoche la tête en se demandant encore une fois si elle ne rêvait pas. Zouina poursuit : - Voilà donc. Ton père a reçu une demande en mariage et n'a pas hésité à accorder ta main. Demain l'affaire sera traitée devant la djemaâ, et le village sera mis au courant de ton alliance. (À SUIVRE) Y. H.