Alors qu'il devait se prononcer sur le report de l'élection présidentielle en violation de la Constitution, le Conseil constitutionnel s'est contenté d'annoncer, mercredi, en fin de journée, que le dossier des candidatures est désormais "sans objet", en s'appuyant sur le décret présidentiel du 11 mars portant annulation des dispositions relatives à la convocation du corps électoral pour le scrutin présidentiel initialement prévu le 18 avril 2019. "La décision rendue par le Conseil à ce propos sera signifiée aux concernés et publiée au Journal officiel de la République algérienne démocratique et populaire", précise le communiqué de cette institution, qui ajoute que les dossiers déposés par les postulants à la magistrature suprême seront archivés et gardés à son niveau. Un décret présidentiel officialisant le report du scrutin présidentiel a, en effet, été publié le lendemain de cette annonce au Journal officiel sans se référer à aucun article de la loi fondamentale pour justifier ladite mesure. Il reste aussi silencieux sur la prolongation du mandat de l'actuel président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Les élections étant un processus démocratique édicté par la loi fondamentale, dans des échéances précises, celles-ci ne donnent au chef de l'Etat aucune base légale pour les reporter ou prolonger son mandat. Ainsi, le Conseil constitutionnel s'aligne sur le décret présidentiel qui stipule le report de l'élection présidentielle, même s'il n'est adossé à aucune base juridique. Interrogé jeudi lors de sa conférence de presse sur la formule légale qui permet à Abdelaziz Bouteflika de gouverner au-delà du 28 avril prochain, date d'expiration du quatrième mandat, le Premier ministre, Noureddine Bedoui, était totalement hors sujet. "Cette période de transition décidée par le peuple algérien et le président de la République est une période qui nous permettra de sortir l'Algérie de cette situation dans laquelle elle se trouve", a été sa réponse. Le vice-Premier ministre, Ramtane Lamamra, n'a pas fait mieux. Il a expliqué la décision du report du scrutin présidentiel par "la demande populaire et la stabilité du pays". Réagissant à ce coup de force, le candidat Ali Ghediri refuse de plier. Il insiste sur le maintien de la présidentielle à sa date initiale. "Pour notre part, si nous prenons acte de cette violation flagrante de la Constitution, nous n'en exigeons pas moins que le cadre constitutionnel soit respecté et que les élections prévues puissent se dérouler dans les délais impartis", déclare-t-il dans un communiqué. Abdelaziz Belaïd, président du Front El-Moustakbel, a également soutenu qu'il ne renoncerait pas à sa candidature, en dépit de la décision du Conseil constitutionnel de ne pas examiner son dossier, à cause du report du scrutin présidentiel. Les candidats, ayant déposé leurs dossiers, ont introduit des recours auprès du Conseil constitutionnel, afin de les examiner et d'invalider le décret présidentiel portant report de l'élection. Nissa H.