La formation du nouveau gouvernement annoncé, dimanche dernier, a provoqué les réactions les plus virulentes des partis dits de l'opposition qui ont dénoncé une énième tentative du régime à se maintenir au pouvoir. Pour le Parti des travailleurs (PT), ce gouvernement est une «nouvelle tentative de sauvetage du système». Dans un communiqué de la formation de Louisa Hanoune, le Secrétariat politique du bureau politique (SPBP) a déclaré qu'«une nouvelle tentative de sauvetage du système, matérialisée dans un pseudo-changement dans le gouvernement» a été «précédée et préparée par de folles rumeurs sciemment répandues, dont l'arrestation théâtrale d'hommes d'affaires dans une démarche subliminale». Le PT, qui s'interroge sur quels critères ont été sélectionnés les nouveaux ministres «qui pour certains relèvent de l'ubuesque», affirme que cette opération, qualifiée de «replâtrage», est attribuée à Bouteflika et n'est que le «contournement de la volonté de l'écrasante majorité de chasser un système obsolète et périmé». Pour lui, le gouvernement Bedoui n'est autre que «le produit d'une transaction politique qui s'apparente à un chantage» puisqu'elle intervient, explique la même source, «suite au brandissement par le chef d'Etat-major du recours à l'article 102, habillé en un deuxième temps par les articles 7 et 8 de la Constitution». Une intrusion publique de Gaïd Salah dans le processus politique qui implique «dangereusement l'ANP», poursuit le PT pour qui l'objectif de ce gouvernement «est la continuité du système et du régime présidentialiste oppresseur, rejetés par l'écrasante majorité». Et d'ajouter que «cette opération s'inscrit, donc, dans la protection des intérêts et ou privilèges des parties en conflit, au sommet de l'Etat, et qui prennent en otage le pays». Le PT réitère son appel à la mise en place de l'Assemblée constituante nationale et souveraine (ACNS), seule capable de «consacrer l'exercice de sa souveraineté par la majorité du peuple pour opérer la refondation politique institutionnelle nationale et donc constitutionnelle». Le FFS, quant à lui, se focalise sur la personne du Vice-ministre de la Défense dont le maintien au gouvernement «raisonne comme une cinglante réponse à ceux qui croyaient au miracle, au sein du sérail». Le Parti a dénoncé, hier, «l'entêtement» du pouvoir, et sa persévérance «dans sa course effrénée, tout droit, vers le mur». Le communiqué du FFS accuse le pouvoir de «chercher à gagner plus de temps» et affirme que «le régime combien même affaibli et paniqué a décidé, une fois de plus, d'ignorer les revendications légitimes et pressantes de la quasi-totalité du peuple algérien». Ali Benflis a, quant à lui, qualifié de «provocation» la formation de ce gouvernement «telle qu'elle a été annoncée», précisant qu'elle «n'exprime rien d'autre qu'une persistance dans la provocation et le défi. Elle ne procède, d'aucune façon, d'une volonté d'apaisement». Le président du parti Talaie El Houriyet déplore le fait que ce nouveau gouvernement ne soit «pas à la hauteur de la gravité de la crise de régime actuelle et des exigences politiques, institutionnelles et constitutionnelles de l'impasse historique à laquelle l'Algérie est confrontée». Il estime que le «peuple veut un changement de régime» alors que le pouvoir, lui, «propose un faux changement de gouvernement». En résumé, la formation du nouveau gouvernement relève «plus de l'acte provocateur» qui «attise la colère légitime» que d'«une volonté d'apaisement que les circonstances exigent». L'ancien chef du gouvernement n'a pas oublié Bedoui, renouvelant ses critiques à son égard, l'accusant d'avoir «percé son chemin vers sa nouvelle fonction au moyen de la répression, à large échelle, des mouvements sociaux, du harcèlement soutenu des oppositions et des critiques au pouvoir en place, de la supervision sourcilleuse de la fraude électorale et de l'association de son nom aux lois sur le régime électoral, les partis et la surveillance des élections politiques, les plus iniques et les plus restrictives, dans l'histoire du pluralisme politique, dans notre pays». De son côté, Abdallah Djaballah, président du Mouvement de la justice et du développement, a dénoncé la situation, expliquant que l'actuel gouvernement n'a aucune légitimité pour procéder à un changement ministériel. Il indique que le pouvoir continue d'ignorer le peuple qu'il appelle à d'autres marches pacifiques jusqu'à l'obtention de toutes ses revendications.