Les Tamanrassetis se sont donné le mot de faire de ce 6e vendredi de contestation un autre rendez-vous de mobilisation pour exprimer leur rejet à l'activation de l'article 102, proposée par le chef d'état-major de l'armée et exiger, une fois encore, le départ de tout le système. "L'application de l'article 102 de la Constitution aurait eu un sens s'il avait été appliqué avant la révolution populaire en réponse à la demande de l'opposition. Aujourd'hui, cet article, tout comme la Constitution — tellement modifiée qu'elle a perdu de sa sacralité régissant la forme politique de l'Etat — n'est plus en vigueur. La seule Constitution valable dont les articles sont brandis lors de chaque marche de contestation est celle imposée par le peuple sous forme de projet de référendum depuis le 22 février 2019", lance un protestataire qui s'est présenté comme chercheur universitaire et constitutionnaliste. Un autre jeune lui emboîtant le pas ironise : "Nous exigeons l'application de l'article 2019 reprenant le principal slogan du mouvement populaire stipulant qu'ils (les tenants du pouvoir, ndlr) doivent tous partir, ils vont tous partir." Rien ne semble altérer la détermination des manifestants à faire valoir leurs revendications en refusant toute proposition ou solution émanant du pouvoir en place. "Nous marchons et nous marcherons, jusqu'à l'aboutissement du changement", "Allah, Allah ya baba, djina nehhiw el-îssaba" (nous sommes venus chasser les prédateurs), "Bouteflika, partez et prenez avec vous Gaïd Salah et n'oubliez pas Bensalah" sont des slogans scandés par les citoyens qui mettent en garde contre les solutions-pièges et l'acharnement du régime qui use et abuse du civisme et du pacifisme des citoyens pour se maintenir en place en changeant uniquement le visage et les noms des responsables qui l'incarnent.