Pour la troisième fois de rang, quelques dizaines de journalistes de la télévision publique se sont rassemblés hier devant le portail de la télévision, au 21 boulevard des Martyrs, à Alger. Pancartes en main, face à des policiers mobilisés pour les contenir, les journalistes n'ont pas cessé, une heure durant, de scander des slogans en faveur de "l'ouverture de la télévision au peuple" et de dénoncer "la censure". "Liberté d'expression, un droit, un devoir", "Ensemble, défendons la liberté d'expression", "Halte aux pressions", "Urgente ouverture du service public", "Non à une télé clanique, libérez l'antenne", pouvait-on lire sur certaines pancartes brandies par les manifestants. Présentes en nombre, comme de coutume, certaines journalistes femmes donnaient de la voix en scandant : "Non, non aux faux débats", "Y en a marre de la censure", "Un quatrième pouvoir, mais pas un pouvoir soumis". Reprenant à leur compte une célèbre chanson chaâbie, avec des vers improvisés, les journalistes ont, à l'unisson, entonné, sous le regard admiratif des passants : "Allô, allô, kheliwna mine tâalimet (assez de vos instructions), Kheliwna min tilifounat (assez de vos injonctions téléphonées)." Présent parmi les manifestants, Yazid Aït Mahiedine, journaliste à Canal-Algérie, insiste sur l'impérieuse nécessité de l'ouverture du service public aux citoyens et leur droit à une information juste et impartiale. "Ce sit-in s'inscrit dans le prolongement du magnifique mouvement populaire enclenché depuis le 22 février dernier ; c'est le troisième sit-in que nous organisons pour demander un principe simple, celui du service public qui donne la parole au peuple, qui donne l'information, loin des pressions politiques ou financières", dit-il. "Nous demandons donc un vrai service public. Ce n'est qu'un droit à l'information. C'est tout le monde qui paye une redevance, donc chacun a le droit à une information juste et impartiale", insiste-t-il. Déterminés à mener le combat jusqu'au bout, des journalistes ont élaboré une charte d'éthique et de déontologie — pour les métiers de journalistes, d'assimilés et de l'ensemble des professionnels de l'audiovisuel de l'EPTV — dont des copies ont été distribuées à leurs collègues pour enrichissement. Comme partout dans le pays, un vent de liberté semble souffler sur le "boulevard des Martyrs". K. K.