Depuis des mois, Khalifa Haftar essaie d'avancer ses pions dans le Nord-Ouest libyen, mais il a fait face à des résistances politiques et militaires, notamment de la part de la région de Misrata. Les soldats de l'Armée nationale arabe libyenne (ANL), dirigés par Khalifa Haftar, ont commencé hier à faire route en direction de Tripoli, à partir de l'est du pays, déjà sous leur contrôle, a annoncé le "Service de communication de guerre", le bras médiatique du controversé maréchal sur sa page facebook. L'ordre est venu directement de Khalifa Haftar, selon la même source, précisant que cette action est dirigée contre les dernières poches des groupes radicaux dans l'ouest du pays, sans citer directement la capitale Tripoli, sous contrôle d'une nuée de milices et où s'est établi aussi le Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Serraj. "Plusieurs unités de l'armée avancent en direction de la région Ouest pour nettoyer ce qui reste des groupes terroristes, cachés dans leurs derniers retranchements", lit-on dans le communiqué diffusé par l'ANL sur sa page facebook. Une vidéo de 8 minutes montre le nombre impressionnant de véhicules militaires, lourdement armés, stationnés sur le bord de la route, dans l'attente de recevoir l'ordre de rouler en direction de l'ouest, dont la partie sud a été conquise en mars dernier par les troupes de Haftar, après plusieurs jours d'affrontements avec les milices tchadiennes et des réseaux de milices locales. Khalifa Haftar justifie cette nouvelle campagne militaire par "le souci des unités militaires à veiller sur la sécurité des citoyens et de leurs biens et des biens de l'Etat libyen", lit-on encore dans le communiqué. Mais cette campagne est loin d'être une simple opération de sécurisation des citoyens libyens, dont une partie rejette le maréchal et tout pouvoir militaire en Libye. Depuis des mois, Khalifa Haftar essaie d'avancer ses pions dans le Nord-Ouest, mais il a fait face à des résistances politiques et militaires, notamment de la part de la région de Misrata, considérée comme une force armée redoutable et un acteur politique indispensable pour une sortie de crise en Libye. En attendant, le controversé maréchal, qui bénéficie du soutien égyptien, saoudien et émirati, s'est concentré sur le Sud et le Sud-Ouest, cernant progressivement le nord-ouest du pays. Mais beaucoup de Libyens pensent qu'un deal a été conclu entre Haftar et al-Serraj pour travailler ensemble afin de sortir le pays de l'impasse politique, à condition de mettre en place un gouvernement civil. Les dernières rencontres entre les deux hommes ont laissé entendre qu'un accord tacite a été conclu, notamment celle d'Abou Dhabi, à l'issue de laquelle ils se sont entendus à accélérer la mise en œuvre du processus politique, à travers l'organisation d'élections générales avant la fin de l'année. Une conférence nationale, prévue pour la mi-avril, est prévue à Ghadamès, une ville de l'Ouest, frontalière de l'Algérie. L'Union africaine a annoncé, elle aussi, l'accueil en juillet prochain d'une "conférence de la réconciliation" des parties libyennes, à son siège d'Addis-Abeba.