Cela s'est toujours vérifié à travers toutes les glorieuses révolutions qui ont marqué l'histoire de l'Algérie : rien n'arrêtera un peuple qui veut recouvrer sa liberté et décider de son destin. Le peuple algérien a fait sienne cette sentence et l'a prouvé encore une fois à la lumière du mouvement de protestation contre le système actuel qu'il a enclenché depuis le 22 février dernier. Son immense mobilisation est restée, depuis cette date, inébranlable et intacte. Ni les dispositifs sécuritaires draconiens dressés au quotidien, dans les principales artères des villes, ni les méfaits des gaz lacrymogènes auxquels ont recouru les services de sécurité et encore moins les menaces fulminées par un pouvoir aux abois n'ont pu dévier le peuple de son sentier vers le changement démocratique. Ni la "main étrangère" évoquée par le général de corps d'armée, ni les arguties, enveloppées de fumisteries, de la DGSN annonçant dans un communiqué la présence de terroristes parmi les manifestants et, encore moins, les tentatives de désunir ces masses populaires compactes n'ont eu raison de la détermination de la population à vouloir retrouver sa dignité et à reconquérir sa patrie. Les arrestations arbitraires, les persécutions commises sur les manifestants, particulièrement les étudiants et les manœuvres d'intimidation n'ont fait, au contraire, que consolider le mouvement de contestation et accroître sa longévité. Le peuple a bravé l'interdit et a fini un jour (le 22 février) par se lever pour mettre un terme au mépris dont il a fait l'objet de la part des décideurs plusieurs décennies durant. Des millions d'Algériens, toutes franges de la société et secteurs d'activité confondus, occupent désormais les places publiques dans toutes les wilayas pour dénoncer la "hogra" et le mal être qu'ils endurent depuis des années, et exigent le départ de tout le régime. La rue est ainsi devenue l'arène de la révolution. Cette même "révolution jetée dans la rue et reprise par le peuple", tel que l'a dit le héros Larbi Ben M'hidi pendant la lutte pour l'indépendance du pays. Le peuple continue désormais à protéger sa propre révolte pacifique contre toute personne malveillante et institution nationale ou étrangère indélicate. Une chose est certaine, la population a réussi à déjouer toutes les tentatives de dissuasion et de suspicion osées par le régime. Elle est confrontée à un système qui use sans cesse de moyens des plus malsains et de plans rocambolesques et machiavéliques pour casser cette dynamique séditieuse infléchissable. Mais elle a décidé de ne jamais lâcher prise, de ne pas abdiquer, car elle sait pertinemment que toute soumission ou résignation va désarmer sa colère et fera fléchir son fabuleux soulèvement. Le système cherche à décourager le peuple en l'ayant à l'usure, mais c'est sans compter sur la ferveur du peuple à vouloir aller jusqu'au bout de ses intentions, à savoir la satisfaction par les tenants du pouvoir de toutes ses revendications. Il refuse, dans ce sens, toute sortie de crise préparée de manière perfide par les décideurs. En attendant que les dirigeants daignent entendre leurs incessants appels, les révoltés n'ont d'autre choix que de reprendre leur protestation tous les vendredis. Les décideurs, quant à eux, gagneraient à répondre favorablement aux revendications du peuple, car tout aheurtement contre cette ultime solution risque de mener au chaos. Toute option qui s'oppose à la volonté populaire ne ferait qu'exacerber la crise et mettrait en péril l'avenir du pays. B. K.