L'avocat et défenseur des droits de l'Homme, Mustapha Bouchachi, a estimé, hier, lors d'une conférence-débat animée à la maison de la culture Ali-Zamoum de Bouira, que l'implication de l'ANP dans le processus de transition démocratique est "nécessaire" en l'état actuel des choses. "Nous devons être pragmatiques et surtout avoir le courage de dire que nous avons besoin de l'institution militaire en cette période cruciale", a indiqué l'hôte du Collectif des avocats de Bouira. Ainsi, Me Bouchachi, qui ne cache pas son soutien au chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, a souligné que l'ANP est la seule institution "viable" du pays. "L'ANP est l'une des rares institutions du pays, pour ne pas dire l'unique, à ne pas avoir été happée par le système et gérée par des coups de téléphone", a-t-il souligné. Mieux encore, et pour démontrer que l'institution militaire a été épargnée du clanisme, selon ses dires, Me Bouchachi a précisé que cette dernière est composée d'enfants du peuple. "Notre armée tire sa puissance et sa noblesse du fait qu'elle est composée des enfants du peuple, ceux de l'Algérie profonde et de toutes les catégories de la société", dit-il, précisant que, de ce fait, elle est la garante toute désignée pour superviser et accompagner la période de transition. Dans le même sillage et évoquant le dernier message de Gaïd Salah dans lequel il a explicitement dit que "la décision de protéger le peuple, avec ses différentes composantes, est une décision irréversible et dont nous ne dévierons point", le conférencier estime qu'il faudrait faire confiance à l'institution militaire et aussi faire preuve de patience. Cependant, l'hôte de Bouira exhorte l'ANP et son chef à "accélérer le processus de transition avec des actes concrets", puisque, selon lui, le régime en place est telle une hydre à sept têtes. "La bande de malfaiteurs qui a gouverné le pays durant des années n'est pas encore tombée et tente de se régénérer par tous les moyens", a-t-il souligné. Démission de Belaïz, "un scénario écrit d'avance" Afin d'étayer ses propos, Mustapha Bouchachi évoquera la désignation de Kamel Feniche à la tête du Conseil constitutionnel qui est, selon lui, "illégale". "M. Belaïz a démissionné dans la matinée d'hier (mardi, ndlr), et à midi, il était remplacé par M. Feniche, sans respecter les procédures légales", a-t-il indiqué. D'après lui, cette désignation démontre que le régime en place ne veut absolument rien lâcher. "Tout cela fait partie d'un scénario qui a été élaboré et réfléchi par les membres de cette bande de malfrats qui nous gouverne : si Bensalah décide de démissionner, ils auront à l'avance désigné son successeur et ainsi s'obstinent-ils à ne pas répondre à la volonté du peuple", dit-il. Il reviendra encore sur l'institution militaire qui devra "accompagner" le processus visant à mettre en place un Etat fort, à sa tête un président de la République démocratiquement élu, et ne plus se mêler de la politique ensuite.