Pour bon nombre de spécialistes et experts de cette pathologie, l'occasion a été donnée pour mettre l'accent sur un point très important : l'autisme n'est pas une fatalité. L'association socioculturelle "Rayon d'espoir" de la wilaya de Bouira, en collaboration avec l'association scientifique de prise en charge des autistes de la wilaya de Médéa, ont organisé hier, à la maison de la culture Ali-Zaâmoum de Bouira, une rencontre autour de l'autisme. Cette journée d'étude, à laquelle nombre de spécialistes et experts de cette pathologie ont pris part, a été placée sous le thème "Troubles du spectre autistique : comprendre et agir", et a été l'occasion pour mettre l'accent sur un point très important : l'autisme n'est pas une fatalité. Selon les différents intervenants, notamment Dr Sara Blacakci, médecin spécialiste en troubles de l'autisme, il y a un effet de "causalité" entre le développement de l'autisme chez les enfants et la prolifération des écrans smartphone, tablettes et télévision. "Les conséquences graves des écrans sur les enfants de 0 à 4 ans sont avérées", indiquera la conférencière. Cette dernière affirme qu'il y a une augmentation "fulgurante" du nombre de tout-petits touchés par des troubles du spectre autistique, surtout dans les pays développés. En cause, leur exposition massive, "entre 5 et 12 heures par jour", aux tablettes, smartphones et à la télévision. "Nous devons impérativement revoir notre mode de vie et moins exposer nos enfants aux nouvelles technologies, notamment les écrans, car toutes les études ont démonté qu'une forte exposition peut engendrer un début d'autisme chez nos enfants", a-t-elle averti. Comment peut-on diagnostiquer cette maladie et éviter ses terribles répercussions sur les enfants ? À cette question et selon Dr Blacakci, le diagnostic de cette maladie peut se faire par un entretien approfondi avec les parents, afin de préciser au mieux les différentes étapes du développement de l'enfant et d'établir un bilan de ses comportements et interactions actuels, ou bien par l'observation de l'enfant et des mises en situation à visée interactive, dans le but d'évaluer les différentes manifestations du syndrome autistique. "Le diagnostic doit être supervisé par un médecin spécialiste (psychiatre ou neuro-pédiatre) et comprend obligatoirement l'élimination de pathologies qui peuvent se manifester d'une manière proche de celle d'un autisme", précisera Dr Blacakci. Dans la foulée, cette praticienne ajoutera que le diagnostic peut également passer par un bilan auditif, pour éliminer une surdité éventuelle, un ou plusieurs bilans-diagnostics avec un psychologue ou psychiatre spécifiquement formé. Dans la même optique, les spécialistes présents se sont penchés sur le programme Chat (Checklist for autism in toddlers), dans le but de diagnostiquer précocement les signes de l'autisme chez l'enfant. Ce programme est constitué de deux questionnaires : l'un réservé aux parents, l'autre au médecin ou travailleur social. Le questionnaire pour les parents compte 9 items, qui testent plusieurs domaines de développement, dont ceux qui intéressent l'autisme, mais aussi d'autres domaines. Le questionnaire destiné aux examinateurs extérieurs compte les 5 items spécifiques à l'autisme.La même praticienne abordera la problématique de la scolarisation des enfants autistes. Pour cette spécialiste, cette question reste "un véritable problème", puisqu'elle estime qu'une fois arrivés à l'âge scolaire "ces enfants ne retrouvent pas un cadre adéquat, consistant en la mise en place de classes spécialisées, ce qui freine considérablement leur prise en charge", a-t-elle regretté. Pour l'intervenante, les enfants autistes doivent impérativement bénéficier d'une scolarisation "spécifique et progressive", laquelle devrait se faire avec des auxiliaires éducatifs. Ces derniers doivent, selon Dr Blacakci, être "formés pour mieux affronter et cerner les difficultés de l'apprentissage chez les enfants autistes". Questionnée à propos du degré de prise en charge des enfants autistes en milieu scolaire dans notre pays, la conférencière n'a pas caché sa "déception", en indiquant que "malheureusement et au vu du manque d'infrastructures et de classes spécialisées, beaucoup d'enfants autistes n'ont pas accès à la scolarisation". Mme Moulay, présidente de l'association Rayon d'espoir, a tenu à mettre en exergue le rôle des pouvoirs publics dans l'accompagnement et la prise en charge de cette catégorie de la société. "Nous espérons de la part des autorités concernées une plus grande attention envers cette frange. Des classes spécialisées et plus de moyens humains et matériels", a-t-elle conclu.