L'avocat et défenseur des droits de l'Homme, Mustapha Bouchachi, a estimé, jeudi, lors d'une conférence-débat à l'université Akli-Mohand-Oulhadj de Bouira, que la révolte populaire contre le régime doit "impérativement" se poursuivre. "On ne peut pas se permettre de faire une demi-révolution, car les conséquences seraient désastreuses pour la nation", a-t-il averti devant une salle archicomble. Selon l'orateur, les manœuvres du pouvoir pour diviser le peuple, en jouant notamment sur le régionalisme et le clanisme, sont vouées à l'échec, à condition que le peuple, qui s'est levé comme un seul homme le 22 février dernier, reste uni. "Notre force, nous devons la puiser dans notre union, c'est cette dernière qui nous permettra de vaincre", soulignera Me Bouchachi, pour qui le combat entamé par des millions d'Algériennes et d'Algériens doit se poursuivre et s'intensifier. "Le combat doit non seulement continuer, mais aussi évoluer", a-t-il insisté. Evoluer comment ? Abandonner l'aspect pacifique et emprunter le chemin de la radicalisation ? Assurément pas, selon le conférencier. "Nous devons préserver le cachet pacifique des marches populaires", a-t-il insisté sur cette question. Ainsi, pour l'hôte de Bouira, il est "impératif et crucial" de rester soudés et unis pour de l'avant, vers un avenir prospère pour tous les Algériens, en passant par une véritable période de transition qui pourra nous emmener vers une véritable démocratie. "Notre destin est entre nos mains. Ne jouons pas avec le feu !". Commentant l'"offre" du chef d'état-major de l'Armée nationale populaire et vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah, qui avait, depuis Biskra, estimé que le "dialogue est l'un des moyens les plus civilisés et les plus nobles dans les relations humaines et la voie la plus judicieuse pour présenter des propositions constructives, rapprocher les points de vue et atteindre un consensus autour des solutions disponibles", Me Bouchachi a, pour ainsi dire, rejeté cette initiative. "Dialoguer avec qui ? Bensalah ? Bedoui ?", s'est-il interrogé. Et d'y répondre aussitôt : "Nous sommes pour le dialogue, mais pas avec les résidus du système", tranchera-t-il. S'agissant des poursuites judiciaires engagées contre certains anciens responsables politiques et hommes d'affaires, l'avocat a considéré que c'est une "autre manœuvre", visant, selon ses dires, à détourner les regards de l'opinion publique car, estime-t-il, la lutte contre la corruption ne peut se faire qu'après le départ de tout le système. Au sujet de Bedoui et son gouvernement tant décrié par le peuple, le célèbre avocat l'a appelé à faire preuve de "dignité" en déposant sa démission. "Être contesté par plus de 20 millions de citoyens et ne pas démissionner, je considère cela comme de l'indignité politique", a-t-il déploré. RAMDANE BOURAHLA