Résumé : Sadjia revoit Nesrine. Elles travaillèrent sur le thème choisi, puis la psychologue propose à son amie de passer le week-end dans sa famille. Un peu déroutée par sa proposition impromptue, l'étudiante est réticente. Nesrine soupire, puis relève la tête et ébauche un sourire triste. -OK. J'accepte ton invitation. Cependant je... Elle ne put terminer sa phrase et laissa couler deux longues larmes sur ses joues. Sadjia s'approche d'elle et lui entoure les épaules. -Sèche tes larmes et sourit. Je n'aime pas voir les gens tristes. Epargne-moi donc tes émotions. Nesrine s'essuie les yeux et se lève. -Merci. Merci, Sadjia. Pour une fois, je sens que je pourrais faire confiance à quelqu'un. -À la bonne heure. Va donc suivre tes cours à la fac et n'oublie pas de me rejoindre jeudi matin. Nous terminerons la journée ensemble, ensuite tu rentreras avec moi à la maison. La jeune fille quitte les lieux, et Sadjia demeure pensive un moment. Si Faïza et les autres ne l'avaient pas prise sous leur aile, que serait-elle devenue aujourd'hui ? Sûrement aussi perdue que cette pauvre malheureuse. Elle soupire. Et pourtant, elle, elle avait une famille. Sa propre mère ne semble pas l'avoir abandonnée de gaieté de cœur. Néanmoins, elle ne savait pas non plus en la laissant par ce matin pluvieux au seuil d'une maison d'un quartier à l'écart de la ville, qu'elle allait tomber sur des gens accueillants et une famille qui allait lui offrir la tendresse et l'amour dont elle avait joui jusque-là. Elle pouvait croire en sa bonne étoile et en sa chance d'avoir une mère telle que Faïza et un père comme Hichem, qui n'a jamais lésiné sur ses efforts pour lui offrir les moyens et le confort requis pour tracer son avenir. Elle s'installe à son bureau et revoit en mémoire les cas qu'elle venait de recevoir le matin même. Quelques veuves délestées de leurs biens, de jeunes divorcées livrées à elles-mêmes, des enfants malades et rejetés par les leurs, et surtout des filles dans le cas de Nesrine, rejetées par la société, sans instruction et sans aucune ressource. C'est d'ailleurs pour cela que la plupart de ces dernières virent vers le plus vieux métier du monde. Elles subissent alors persécution, humiliation et maltraitance, et finissent par mourir dans leurs souffrances ou par mettre fin à leur vie, comme si en tirant ce trait final, elles défiaient leur destin. Sadjia refoule ses larmes et se reprend. Elle jette un coup d'œil à sa montre et constate que l'après-midi était avancée, et aux gargouillements de son estomac elle se rendit compte qu'elle avait raté la pause du déjeuner. Sans plus attendre, elle prend son sac et quitte à son tour les lieux.
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