Afin de mieux s'organiser et de donner un prolongement au mouvement de contestation au régime en place, les citoyens de Béjaïa multiplient, ces derniers jours, les rencontres-débats à travers les différents quartiers de la ville. Ainsi, des militants politiques et des acteurs de la société civile, impliqués dans l'organisation et l'encadrement de la révolte populaire contre le pouvoir, invitent la population à participer au débat engagé dans les espaces publics. L'initiative est venue du Comité de solidarité avec les travailleurs de Béjaïa (CSTWB) qui a appelé à la nécessité d'aller vers l'auto-organisation du mouvement populaire, né le 22 février. "C'est à l'issue des deux réunions que nous avons tenues au CDDH de Béjaïa avec l'ensemble des syndicats autonomes, dont le Cnapeste, CLA, Satef, Snapap…, que nous avons décidé d'organiser des rencontres-débats autour des revendications citoyennes visant à instaurer une nouvelle Algérie", nous a expliqué Karim Boudjaoui, président du CSTWB. Selon notre interlocuteur, c'est dans cette optique que plusieurs actions de proximité visant à sensibiliser les citoyens sur l'objectif de ces débats publics ont déjà été tenues dans des villages et quartiers de la commune de Béjaïa, mais aussi dans le milieu professionnel. C'est le cas, par exemple, des cités d'Ihaddaden, de Takliet, d'Ighil Ouazzoug, de Tizi, de Tala Ouariane…, où les habitants se sont réunis sous l'égide de leurs associations socioculturelles, a-t-il précisé. "Nous allons mettre à profit ces soirées ramadhanesques pour organiser des rencontres-débats au niveau d'autres localités. L'objectif étant d'aller vers une conférence de wilaya de la société civile qui s'attellera à faire une synthèse des revendications portées par les citoyens de la région", nous a confié M. Boudjaoui. De son côté, le président de l'Union des associations des parents d'élèves de la wilaya de Béjaïa (UAPEWB), Rachid Bedjaoui, estimera qu'"après plus de deux mois de révolte populaire pacifique, il est temps de passer à une étape cruciale qui consiste à engager un débat serein autour d'un projet de société démocratique, juste et égalitaire qui constitue un prolongement du mouvement national. Un projet qui servira de socle pour la refondation de l'Etat algérien, à travers une Assemblée constituante". Pour M. Bedjaoui, l'Algérie de demain devra être refondée sur la base des principes contenus dans la plate-forme de la Soummam, qui préconise une République démocratique et sociale garantissant les valeurs universelles et les droits humains. K. Ouhnia