La mobilisation a connu une légère baisse, hier, lors de la 16e manifestation hebdomadaire de la communauté universitaire de Béjaïa. Ils étaient en effet quelques centaines — environ 500, selon les organisateurs — à marcher dans les rues de la ville. Deux carrés seulement ont été formés, le premier par des étudiants — la plupart avaient des examens à passer, selon des enseignants et leurs camarades —, le deuxième carré est formé par des ATS — majoritaires, a-t-on constaté — et quelques enseignants, eux-mêmes retenus par lesdits examens de fin d'année, ont justifié certains d'entre eux. Mais cela ne les a nullement découragés à poursuivre le mouvement et à exiger le départ du système dans sa globalité. La détermination des étudiants mais aussi des enseignants et des ATS est demeurée intacte. "Nous sommes décidés à poursuivre la protestation et à réclamer le départ effectif du régime", a indiqué un enseignant et l'un des animateurs du collectif des enseignants et ATS de l'université de Béjaïa, qui organise des débats citoyens. S'agissant des solutions proposées par le pouvoir politique, l'élection présidentielle en dehors de la période de transition, pour sortir, comme ils prétendent et disent, de la crise, la réponse des manifestants est cinglante : "Aucune négociation, partez tous !" Pour ce 16e mardi, ils continuent donc à réclamer "une transition démocratique" et "un Etat de droit" et disent "non à l'élection présidentielle avec Bensalah et Bedoui", respectivement chef de l'Etat par intérim et Premier ministre, jugés "illégitimes". Le chef d'état-major, le général Ahmed Gaïd Salah, en a pris aussi pour son grade. Sur une grande banderole, on a écrit : "Ya Gaïd, ya khayan el aahd" (Gaïd, celui qui a trahi le pacte). Pis encore, il est considéré par les manifestants comme un élément de blocage, qui empêche une transition négociée telle que réclamée par des millions d'Algériens depuis plus de trois mois. "La mafia fait la sourde oreille", ont écrit des ATS sur une pancarte. L'espoir de cette bande mafieuse, ont-ils dit, est de "voir le peuple abdiquer et rentrer chez lui" et le mouvement s'essouffler pour que le système se régénère. En guise de réponse, les manifestants notent sur une autre banderole : "Cher peuple, votre destin est entre vos mains." Une manifestante expliquera non sans ironie, quant à elle, que "tous les pays ont une mafia, sauf en Algérie. C'est la mafia qui dispose d'un pays". À signaler que les étudiants n'ont pas mis en avant l'arrêt du transport universitaire, survenu lundi dans la capitale, suite à la mise sous mandat de dépôt de Mahieddine Tahkout, dont l'une des filiales, l'entreprise de transport, détient le monopole dans le secteur. "Sinon, les étudiants auraient raté les examens", nous a expliqué un chef de département de l'une des huit facultés que compte l'université de Béjaïa. Les marcheurs, qui ont parcouru le même itinéraire s'étendant du campus de Targa Ouzemour jusqu'à la placette de la Liberté d'expression Saïd-Mekbel, se sont dispersés dans le calme vers 13h30.