L'enjeu de la journée d'hier étant exceptionnel, la mobilisation l'a été autant puisque c'est, en effet, une grandiose marée humaine qui a déferlé sur la ville des Genêts. La population de Tizi Ouzou, qui n'a vu dans le dernier discours de Gaïd Salah qu'une provocation de trop, a fait de la présence massive du drapeau berbère l'enjeu principal de la marche de ce 18e vendredi. Contrairement aux vendredis précédents, il n'était pas encore 10h lorsque les premiers manifestants, drapés dans le drapeau jaune, vert, bleu et rouge ont commencé à sillonner les artères de la ville. Des informations sur des descentes policières qui ont ciblé, dans la matinée, les vendeurs de drapeaux et sur des tentatives de confiscation du drapeau berbère qu'auraient effectuées les services de sécurité dans des barrages n'ont fait que renforcer le sentiment de défiance chez de nombreux jeunes. Mais finalement, la tension s'est vite dissipée et les manifestants commençaient alors à se rassembler devant l'entrée du campus Hasnaoua, lieu habituel de départ des marches. À 13h30, la marche s'ébranle sous un soleil de plomb qui, en temps normal, aurait sans doute dissuadé beaucoup de monde. Mais l'enjeu de la journée d'hier étant exceptionnel, la mobilisation l'a été autant, puisque c'est en effet une grandiose marée humaine qui a déferlé sur la ville des Genêts et qui a ramené, dans ses bagages, non seulement un nombre impressionnant de drapeaux amazighs, mais aussi un nouveau slogan qui résume toute la colère qu'elle nourrit envers Gaïd Salah. "Ya men aâch, ya men aâch, Gaïd Salah fi El-Harrach", scandait-on dans les différents carrés de la marche en avançant vers le centre-ville. Dans certains carrés, les manifestants scandaient également "Châab, khawa khawa, makache djihaouiya", "Châab, khawa khawa, El-Gaïd yehmi el-khaouana", "Serrakine, serrakine, wa ygoulou wataniyine", "Klitou lebled ya serrakine", "Bensalah dégage, Bedoui dégage, FLN dégage, RND dégage". La marche d'hier a été également marquée par un retour en force des slogans identitaires, tels que "Mazalagh d' Imazighen", "Anwa wigui, d' Imazighen", "Imazighen anarrez wala aneknu". Sur les banderoles et les pancartes déployées tout au long de l'itinéraire de la marche, les slogans prenant pour cible Gaïd Salah étaient prédominants. "Gaïd Salah, quoi que tu fasses, nous resterons unis pour abolir ce système pourri, maffieux et diabolique", "Gaïd Salah : le loup qui pleure avec le berger, rendez-nous les clés", "Non au régime des généraux", "L'ère du bruit des bottes est révolu", lit-on, entre autres.