L'embrasement a failli se produire entre les Etats-Unis et l'Iran, si Donald Trump, qui avait initialement approuvé jeudi des frappes contre des cibles iraniennes, ne s'était pas rétracté. L'Iran a averti hier qu'il défendrait son territoire contre toute attaque des Etats-Unis après avoir abattu jeudi un drone américain. Cette annonce iranienne intervient au lendemain du renoncement du président des Etats-Unis à la dernière minute. Donald Trump a confirmé hier que les frappes américaines devaient viser "trois sites", et qu'il les a annulées "10 minutes" avant l'horaire prévu, après avoir été informé qu'elles auraient fait 150 morts. Il a également assuré ne pas être "pressé" pour apporter une réponse militaire face à l'Iran. Ceci dit, le média américain New York Times a affirmé que le président américain a renoncé à mettre en exécution son autorisation de mener des frappes de représailles contre "une poignée de cibles iraniennes, comme des radars et des batteries de missiles". La même source, qui cite un haut responsable du gouvernement américain, affirme que "la première phase de l'opération avait commencé lorsqu'elle a été annulée", tout en ajoutant que "les avions étaient en l'air et les navires en position mais n'avaient encore tiré aucun missile quand l'ordre d'arrêter est tombé". Ceci étant, le chef de la force aérospatiale des Gardiens de la Révolution a déclaré hier que l'Iran a lancé deux avertissements avant d'abattre le drone américain jeudi au-dessus de la mer d'Oman. "À deux reprises, on (...) a envoyé des avertissements", a déclaré le général de brigade Amirali Hajizadeh. "Malheureusement, étant donné qu'ils n'ont pas répondu (...) et n'ont pas dévié de leur trajectoire (...) on a été obligé de l'abattre". Par ailleurs, les Affaires étrangères iraniennes sont revenues à la charge hier en disant disposer de "preuves irréfutables" montrant que le drone Global Hawk avait violé l'espace aérien iranien, sans autre précision. Dans un appel téléphonique "d'urgence", le vice-ministre des Affaires étrangères iranien Abbas Araghchi a fait passer un message à Washington par le biais de l'ambassadeur de Suisse à Téhéran, qui représente les intérêts américains en l'absence de relations diplomatiques entre Téhéran et Washington depuis 1980. L'Iran "ne cherche pas la guerre", a dit M. Araghchi, tout en mettant en garde "les forces américaines contre toute mesure inconsidérée dans la région" car, a-t-il martelé, l'Iran défendrait "résolument son territoire contre toute agression". Soufflant le chaud et le froid, Donald Trump a d'abord qualifié d'"énorme erreur" la frappe iranienne, mais a ensuite évoqué la piste d'une erreur du côté iranien faite par quelqu'un de "stupide", semblant vouloir faire baisser la température. "J'ai du mal à croire que cela était délibéré", a-t-il dit. En dépit des affirmations répétées des Etats-Unis et de l'Iran selon lesquelles ils ne cherchent pas la guerre, l'escalade et la multiplication des incidents font craindre qu'une étincelle ne mette le feu aux poudres. Il y a lieu de rappeler que les tensions ne cessent de monter depuis le retrait américain en mai 2018 de l'accord international sur le nucléaire iranien, suivi du rétablissement de lourdes sanctions américaines contre l'Iran, privant ce pays des bénéfices économiques qu'il escomptait de ce pacte.