À deux semaines de l'expiration des délais constitutionnels de la présence d'Abdelkader Bensalah à la présidence, le pays s'enfonce dans l'impasse. Plus de vingt jours après le discours d'Abdelkader Bensalah appelant la classe politique et la société civile à "un dialogue inclusif" autour de l'organisation de l'élection présidentielle, aucun acte concret ne se profile à l'horizon. Le discours du chef de l'Etat par intérim, qui n'a en réalité fait que traduire un discours du chef d'état-major de l'armée sur le même sujet, n'a été suivi d'aucun effet. Depuis ce discours, qui a été froidement accueilli par l'ensemble de la classe politique qui, tout en acceptant l'idée du dialogue, rejette de rencontrer les symboles de l'actuel pouvoir, rien de nouveau n'a filtré. Le chef de l'Etat a juste abordé le sujet avec le Premier ministre, rencontré mercredi dernier, comme c'est le cas chaque semaine. Pis encore, au sein de la classe politique, seuls les anciens partis qui soutenaient Bouteflika avaient soutenu l'appel de Bensalah. Trois des chefs des quatre partis sont aujourd'hui soit en prison, soit poursuivis en justice. Face aux sollicitations des Algériens et de la classe politique, le pouvoir fait la sourde oreille. L'offre de dialogue n'a pas été suivie d'actes concrets. À la classe politique qui demande, dans son ensemble, le départ des deux têtes de l'Exécutif, le pouvoir refuse de répondre. Seul Ahmed Gaïd Salah a pris l'habitude de s'alarmer sur les "dangers du vide constitutionnel" que créerait le départ de Bedoui et de Bensalah. Un discours qui ne varie pas, malgré les appels incessants des manifestants qui rappellent, chaque vendredi, leur exigence de voir les "2B" partir de la tête de l'Etat avant l'entame de tout dialogue ou avant d'évoquer l'organisation d'une quelconque élection. Au sein de la classe politique, c'est encore l'expectative. Les partis réunis dans "les Forces du changement" acceptent l'idée d'un dialogue autour de l'organisation d'une élection présidentielle. Mais comme les partis qui soutiennent l'idée d'une transition politique, ces formations refusent de discuter avec les "2B". Ali Benflis, qui fait partie de ce groupe, a répété à plusieurs reprises qu'on ne peut pas dialoguer "avec ceux qui étaient à l'origine de la crise". L'ancien Premier ministre a d'ailleurs rappelé les "hauts faits d'armes" de l'actuel Premier ministre qui était le "fraudeur en chef" des élections pro-Bouteflika. Face à cette impasse, des partis de l'opposition et des associations de la société civile tentent de briser le statu quo. Des rencontres sont prévues dans les prochains jours. Une première réunion aura lieu demain 26 juin entre les formations politiques qui prônent la transition politique. Une autre entrevue est prévue au lendemain de la marche du 5 juillet prochain. Elle regroupera les partis des "Forces du changement". Mais sans un geste ou une concession du pouvoir, ces initiatives sont vouées à l'échec. Ajoutée à la fin des délais constitutionnels, qui feront d'Abdelkader Bensalah un citoyen sans aucune responsabilité, dès le 9 juillet au soir, cette donne risque de pousser vers une nouvelle crise. À moins que l'institution militaire ne prépare un autre scénario.