«Le prolongement du mandat de Bensalah équivaut à un 5e mandat de Bouteflika. Nous revendiquons le départ de tout le système…» Après l'annonce du Conseil constitutionnel de la caducité de l'élection présidentielle du 4 juillet prochain, l'instauration d'une période de transition semble être plus qu'une évidence, si ce n'est une nécessité. De ce fait, le régime en place ne pourra ni garder ses représentants, à savoir Abdelkader Bensalah, Nouredine Bedoui, respectivement chef d'Etat par intérim et Premier Ministre, ni encore moins avoir une troisième chance pour organiser les élections présidentielles. Le départ des 2 «B» doit être désormais «imminent». Ahmed Benbitour, ancien Premier ministre, estime que la période de transition est devenue une nécessité incontournable pour organiser des élections présidentielles. Pour ce qui est du devenir de Bensalah, après l'annulation de l'élection présidentielle, M. Benbitour a indiqué qu'«il y a une intention de le garder jusqu'à ce que le pouvoir soit passé au président élu». Il a toutefois, indiqué qu'«en cas de négociations pour le changement du régime, un accord peut être conclu sur le statut du chef d'Etat par intérim et sur la possibilité de nommer un nouveau président pour la période de transition. Son départ est lié aux négociations. Nous ne devrions pas perdre plus de temps, car nous allons vers une pénurie de financement de l'économie d'ici à 2021». M. Benbitour a souligné, dans le même entretien, que le régime actuel devrait accepter l'organisation d'une phase de transition. La Moudjahida Louizette Ighilahriz a affirmé, quant à elle, d'être en faveur d'une transition. «Le prolongement du mandat de Bensalah équivaut à un 5e mandat de Bouteflika. Nous revendiquons le départ de tout le système. On en a marre, qu'ils s'en aillent tous. On veut une véritable démocratie, pleine et entière. Nous voulons une transition et une constitution, dans des conditions de liberté et de démocratie», a affirmé Mme Ighilahriz. D'un autre côté, elle affirme que le pouvoir tente de reporter l'élection présidentielle au mois d'octobre prochain. Chose qu'elle trouve «inacceptable». Elle s'explique : «à travers une élection en octobre, c'est le système qui va continuer. Nous refusons catégoriquement, car nous exigeons le départ du système. Tout le système doit partir, dont Bedoui et Bensalah. On a beaucoup bavé de ce système, Ils ont gâché la vie à tout le peuple algérien». La LADDH dénonce les agissements du pouvoir La LADDH a estimé hier, que le système, à travers la prolongation du mandat d'Abdelkader Bensalah et l'attachement à l'organisation de l'élection présidentielle, a pris le choix de «prolonger la crise». «Le système, qui s'entête à inventer des artifices au nom d'une Constitution viciée et rédhibitoire, a pris le choix de prolonger la crise et d'ajourner la solution, au lieu d'aller vers une transition politique négociée avec le peuple pour l'avènement de la nouvelle République», écrit la LADDH dans un communiqué signé par son vice-président, Said Salhi. «Le Conseil constitutionnel, tout en prenant acte de l'impossibilité d'organiser ces élections, s'arroge une exégèse non prévue par la Constitution: le prolongement du mandat du chef de l'Etat rejeté pourtant par la rue, en lui accordant encore le pouvoir de reconvoquer le corps électoral pour une autre élection présidentielle, alors que la Constitution actuelle n'offre aucune solution», s'étonne la LADDH. Abderrazak Guessoum, président de l'Association des oulémas algériens, a souhaité le départ d'Abdelkader Bensalah. «Nous ne sommes contre personne, mais puisque M. Bensalah n'a pas pu organiser l'élection présidentielle, comme cela était attendu, et n'a pas organisé le dialogue comme cela était attendu aussi, nous souhaitons qu'il soit déchargé de sa mission, et remplacé par celui qui peut assurer cette mission», a-t-il. Il ajoute que «le mandat du chef d'Etat actuel se termine dans 90 jours (après la démission de Bouteflika). La prolongation du mandat s'oppose à certaines revendications populaires. Le Hirak veut un renouvellement. Ce renouvellement doit se faire dans le cadre de la Constitution. D'où notre demande de faire appliquer les articles 7 et 8 de la Constitution, qui stipule que le peuple est la source de tout pouvoir», a-t-il développé. Le Parti des travailleurs, représenté par son secrétariat permanent du bureau politique, estime que «le conseil constitutionnel, qui s'aligne sur l'orientation du pouvoir en place, outrepasse ses prérogatives et se heurte à la volonté de la majorité du peuple qui réclame le départ du système et de tous ses symboles, et qu'il n'a pas cessé de scander: Makach Intikhabat Yal Eissabate».