C'est par plus de 40°C et sous un soleil de plomb que les habitants d'Annaba ont marché, hier, sur et autour du Cours de la Révolution, pour exiger le départ inconditionnel du système et le respect de la volonté du peuple souverain. Cette 18e marche du vendredi, à laquelle ont participé des milliers de citoyens venus des quatre coins de la ville côtière et des villes voisines d'El-Hadjar, d'El-Bouni et de Sidi Amar, a débuté vers 14h30, sous haute tension. Cela en raison des menaces à peine voilées qu'avait lancées l'avant-veille le général-major Gaïd Salah en direction des manifestants, qui s'aviseraient de brandir des drapeaux autres que l'emblème national. Soucieux de préserver, vaille que vaille, le caractère pacifique du mouvement de contestation, mais, néanmoins, résolus à revendiquer leur droit à la parole, les Annabis ont répondu à leur manière au discours du général. "Arab oua Qbayel, khawa, khawa !" (Arabes et Kabyles sont frères), "Leqbayel mahoumch aâdouana !" (Les Kabyles ne sont pas nos ennemis), un message des plus clairs à ceux qui tentent de casser les rangs de la révolution populaire. Afin de prouver leur attachement à l'unité du pays, certains d'entre les marcheurs de ce vendredi ont vêtu leurs enfants de l'habit traditionnel kabyle. Tenu par ceux-ci pour responsable du maintien de Bensalah et de Bedoui à leurs fonctions, malgré le rejet de ces deux personnages par tout un peuple, Ahmed Gaïd Salah a été nommément pris à partie par les manifestants. "Ya El-Gaïd, dawla madanya, machi askarya !" (Nous réclamons un Etat civil et non pas un Etat militaire) et "El-Gaïd Salah maâ el-khaouana" (Gaïd Salah soutient les traîtres à la nation) ont été parmi les slogans qui étaient les plus repris par la foule.