Le gouvernement de gestion des affaires courantes, nommé fin mars dernier sous le règne du président déchu, Abdelaziz Bouteflika, n'a cessé, ces dernières semaines, de verser dans l'improvisation, en prenant des décisions incohérentes, voire dommageables, pour l'économie et l'emploi. Cette singulière inconséquence de l'action gouvernementale a conduit tout récemment à la mise en péril d'un fleuron de l'industrie nationale, en l'occurrence l'Entreprise nationale des industries de l'électroménager (Eniem) de Tizi Ouzou, qui s'est vu ainsi contrainte de mettre en congé ses employés, faute de matières premières pour faire fonctionner ses ateliers. À l'origine de cette situation inédite de blocage total, le non-renouvellement injustifié et inconsidéré de la licence d'importation et d'exploitation des appareils électroménagers devant permettre à l'entreprise de récupérer ses intrants au port d'Alger pour pouvoir faire fonctionner son outil de production. Pourtant, comme l'a assuré le P-DG de l'Eniem, Djilali Mouazer, dans une déclaration avant-hier à l'agence APS, toutes les démarches et procédures requises pour l'obtention de ladite licence ont bien été effectuées dans les délais auprès du ministère de l'Industrie. L'administration publique faisant preuve d'inconséquence, l'Eniem voit ainsi ses activités de production bloquées depuis près de trois mois et ses quelque 1 700 travailleurs contraints au congé, tout en risquant à terme de perdre leur emploi si ce blocage venait à perdurer. Conséquence d'une gestion incohérente et aventureuse de la chose économique par l'actuel gouvernement, la mise en péril de l'Eniem découle ainsi des décisions prises en mai dernier pour limiter les importations des kits destinés à la fabrication des produits électroménagers, électroniques et de téléphones mobiles. Des kits importés qui sont pourtant au cœur même des activités de production de l'Eniem qui, à l'image sans doute d'autres industries locales, fait aujourd'hui les frais de décisions économiques inconséquentes et totalement improvisées. Au registre sensible du commerce extérieur, comme ailleurs, le gouvernement encore en place, mais dont la durée de vie est de plus en plus limitée, n'a cessé, en effet, ces dernières semaines, de multiplier effets d'annonces, mesures populistes et improvisations totales sur des questions nationales des plus complexes et des plus engageantes pour le pays. Remise en cause de la politique de la planche à billets, retour à l'importation des voitures d'occasion, restrictions des importations destinées aux industries de montage et puis, tout récemment encore, l'idée de substituer l'anglais au français dans l'enseignement et l'administration sont, en effet, autant de démarches annoncées pour ainsi dire en toute légèreté par le gouvernement et qui peuvent à terme avoir des implications, pour le moins graves, tant sur le plan économique que social.