Les Etats-Unis se sont retirés unilatéralement de l'accord conclu en 2015, sur décision du président Donald Trump, qui a remis en cause un texte âprement négocié durant six ans. L'ONU et les grandes puissances, signataires de l'accord sur le nucléaire, ont réagi à l'annonce par Téhéran du dépassement par l'Iran des limites imposées par ce texte des réserves de l'uranium enrichi. Hier, Moscou a appelé Téhéran à "ne pas céder à l'émotion" et à respecter "les dispositions essentielles" de l'accord sur le nucléaire malgré les pressions américaines. "Nous appelons nos collègues iraniens à la retenue, à ne pas céder à l'émotion et à respecter les dispositions essentielles de l'accord signé à Vienne en 2015", a déclaré le chef de diplomatie russe Sergueï Lavrov. Il a aussi appelé les Européens à "remplir leurs promesses, leurs obligations et à tout faire pour que le mécanisme qu'ils ont créé (pour permettre aux entreprises européennes de continuer de travailler avec l'Iran malgré les sanctions, ndlr) soit réellement opérationnel". "Sans cela, il sera très difficile de mener un dialogue constructif et productif sur le sauvetage de l'accord", a-t-il estimé. Tout en déplorant la tournure des évènements, la Chine a dénoncé aussi l'attitude américaine. "La Chine déplore les mesures prises par l'Iran. Dans le même temps, nous avons souligné à maintes reprises que la pression maximale des Etats-Unis est la source des tensions actuelles", a déclaré Geng Shuang, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. "Nous appelons toutes les parties à voir la situation dans une perspective globale sur le long terme, à faire preuve de retenue et à faire respecter (l'accord), afin d'éviter une nouvelle escalade", a-t-il déclaré au cours d'un point presse régulier. La France, un des signataires de l'accord en question, a appelé l'Iran "à revenir sans délai" sur le dépassement de ses réserves d'uranium faiblement enrichi. Le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, "a pris note avec préoccupation" de l'annonce faite lundi par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et "demande à l'Iran de revenir sans délai sur ce dépassement" ainsi que de "s'abstenir de toute mesure supplémentaire qui remettrait en cause ses obligations nucléaires", selon un communiqué de la présidence. Lundi, quelques heures après l'annonce iranienne, l'ONU s'est dite "préoccupée". "Il est au courant des informations selon lesquelles la République islamique d'Iran aurait dépassé les limites de son stock d'uranium faiblement enrichi prévu par le Plan d'action global commun (JCPOA)", a déclaré lundi le porte-parole du SG de l'ONU, Stéphane Dujarric. Il a ajouté que si cette information se vérifiait, "elle n'aidera ni à préserver le plan (JCPOA) ni à sécuriser les bénéfices économiques tangibles pour le peuple iranien. Il est essentiel que cette question, comme les autres liées à l'application de l'accord, soit gérée par le mécanisme établi par le JCPOA". Les Etats-Unis étaient les premiers à réagir lundi par la voix de Donald Trump, à l'origine de cette crise après son retrait de l'accord conclu en 2015 à Vienne., sous l'égide de l'ONU. L'Iran "joue avec le feu", a réagi dans un premier temps Donald Trump auprès de journalistes à la Maison-Blanche. "Ils savent très bien ce qu'ils font. Ils connaissent actuellement de nombreuses difficultés dans leur pays", a-t-il ajouté dans un entretien à la chaîne Fox News diffusé lundi soir, espérant voir Téhéran, étranglé par les sanctions, "revenir" à la table des négociations et "demander à nouer un accord".