Les Constantinois, habitués ou non des marches du vendredi, ont aussi répondu massivement aux appels à la mobilisation en cette date historique. "Le véritable recouvrement de la liberté passe indubitablement par la réappropriation par le peuple des symboles confisqués par l'entreprise propagandiste du pouvoir. Plus qu'un symbole, le 5 Juillet marque justement cette fête de l'indépendance restée otage, 56 ans durant, d'un pouvoir autocratique qui en a usé et abusé à sa guise pour les besoins de sa propre survie. D'où l'importance pour les Algériens, de par l'opportunité historique qui lui est offerte par la révolution du 22 février 2019, de reconquérir, au sens large du terme, son histoire et son patrimoine dont cette date du 5 Juillet qui doit marquer une rupture définitive avec, non seulement le système politique et ses figures, mais aussi avec les pratiques d'un autre âge", dira Adel, un enseignant universitaire, qui a peu marché depuis le début du "hirak", mais qui ne voulait surtout pas rater le rendez-vous de ce 5 Juillet. Comme Adel, qui pense aussi que la véritable indépendance a commencé le 22 février, les Constantinois, habitués ou non, des marches du vendredi ont aussi répondu massivement aux multiples appels à la mobilisation, en cette date historique. Les appréhensions des uns et des autres se sont vite dissipées donc, en ce vendredi, 20e du nom, depuis la déferlante du 22 février dernier. Un rendez-vous que les activistes assidus de la ville des Ponts ont voulu marquer notamment pour dire que l'ère de la mainmise des autorités sur l'histoire faite par le peuple est révolue et que celle-ci doit revenir au peuple. Toutes et tous étaient présents, Mina, Chahra, Lounis, Sorour, Mamine, Fatima, Adel, Ramdane, Wael… entourés de milliers de personnes, hommes, femmes et enfants représentatifs de toutes les obédiences et catégories sociales. Une marée humaine qui a su allier, par une chaleur caniculaire, la célébration grandiose de la fête nationale par excellence et le maintien de la mobilisation contre le système politique, sans rien concéder des exigences du peuple, s'agissant du départ de tout le personnel qui a conduit le pays à cette situation. Aussi, qualifié de non-événement par les marcheurs, le dernier discours du chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, n'a été d'aucun recours à son impopularité parmi les manifestants qui l'ont invité de nouveau à partir avec les slogans habituels. Le chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, n'était pas en reste, puisque stigmatisé à son tour à travers des mots d'ordre hautement hostiles à sa démarche. Repris pratiquement par tous les carrés, "Libérez Bouregâa, libérez khawetna" a retenti dans les artères de Constantine en signe de solidarité avec les détenus d'opinion, les activistes du "hirak" et surtout l'ancien commandant de la quatrième zone durant la guerre de Libération dont on fêtait l'aboutissement hier. Un aboutissement célébré par des chants patriotiques, des minutes de silence et des gerbes de fleurs à l'initiative du… peuple.