Abdelhadi Abbès, le manifestant interpellé en juin dernier par la police en compagnie de ses deux neveux de 4 et 6 ans, a officiellement porté plainte, hier, auprès du procureur général près la cour d'Oran pour "arrestation arbitraire et illégale". Dans le texte de la plainte déposée par un avocat du collectif de défense du hirak, le plaignant exhorte le parquet à "intervenir et prendre toutes les mesures qui s'imposent pour lui rendre justice" dans cette affaire qui a indigné l'opinion publique en raison, notamment, de l'implication d'enfants mineurs. Au soir du mardi 25 juin dernier, Abdelhadi Abbès, qui venait de prendre part à la rencontre du Forum politique du 1er novembre, a été brutalement interpellé par plusieurs policiers alors qu'il s'apprêtait à rentrer chez lui avec ses deux neveux mineurs. "Un policier a sauté à l'intérieur de mon véhicule et m'a ordonné de me diriger vers le siège de la sûreté de wilaya. J'ai demandé la permission de déposer d'abord les enfants à la maison, mais il a refusé", relatera le manifestant plus tard en parlant de kidnapping. Résultat : Abdelhadi Abbès et les infortunés mineurs ont été retenus à la sûreté de wilaya pendant quelques heures, avant que leurs proches ne soient mis au courant et qu'un membre de la famille vienne récupérer les enfants et la voiture. "Mes enfants ont vraiment été traumatisés par leur mésaventure (…) Je vais déposer plainte devant la justice, ce scandale ne passera pas sous silence (…)", avertira la mère des deux mineurs le lendemain, à l'occasion d'un rassemblement organisé devant la cour de justice par des citoyens et des militants des droits de l'Homme pour appeler à la libération des porteurs du drapeau amazigh. Par ailleurs, le plaignant soupçonne les policiers auteurs de l'arrestation d'avoir opéré sans réquisition judiciaire bien qu'ils aient affirmé au manifestant agir sur instruction du procureur. Pour rappel, Abdelhadi Abbès avait été interpellé lors de la marche du vendredi 21 juin pour avoir brandi l'emblème amazigh et présenté le 26 juin devant le tribunal correctionnel de Cité Djamel, en compagnie d'Afif Abderrahmane, sous le chef d'accusation d'atteinte à l'intégrité territoriale, selon l'article 79, qui sert désormais à réprimer les porteurs du drapeau amazigh. Sous la pression populaire, les deux manifestants ont été remis en liberté provisoire. S. Ould Ali