Présentés, hier après-midi, devant le tribunal correctionnel de Cité-Djamel, à Oran, pour atteinte à la sûreté nationale (article 79 du code pénal utilisé pour réprimer les porteurs du drapeau amazigh) et outrage à corps constitué, Afifi Abderrahmane et Abdelhadi Abbès, deux jeunes "hirakistes", ont finalement été remis en liberté par le juge d'instruction. Selon l'un des avocats qui se sont constitués bénévolement, le procureur de la République avait requis le mandat de dépôt, mais le magistrat instructeur n'a pas suivi. Ce qui a soulagé défenseurs des droits de l'Homme, animateurs associatifs et autres simples citoyens qui s'étaient rassemblés devant le tribunal dès le début de la matinée pour exiger leur libération. Les contestataires, qui avaient également dénoncé la répression qui s'abat sur les manifestants et appelé à une justice indépendante, se sont particulièrement élevés contre les conditions d'interpellation d'Abdelhadi Abbès mardi soir, à la fin du Forum politique du 1er-Novembre."Il a été littéralement kidnappé. Alors qu'il se trouvait à bord de son véhicule en compagnie de ses deux neveux âgés de 4 et 6 ans, des policiers se sont engouffrés dans la voiture et l'ont forcé à prendre la direction du siège de la sûreté de wilaya. Les deux enfants ont été récupérés deux heures plus tard en état de choc", a raconté un témoin oculaire. La mère des deux enfants s'apprête, d'ailleurs, à porter plainte devant le procureur de la République. "Ils ont vraiment été traumatisés par leur mésaventure (…) Je vais déposer plainte devant la justice", a-t-elle confirmé devant le nouveau palais de justice où les manifestants ont organisé un autre sit-in de protestation après avoir effectué une marche de protestation depuis le tribunal correctionnel. "La police n'a pas le droit d'agir de la sorte, pas lorsqu'il s'agit de manifestants pacifiques, pas lorsqu'il s'agit d'enfants. C'est une honte !", ont encore dénoncé les manifestants en scandant des slogans appelant à l'indépendance de la justice et à l'élargissement des détenus politiques. Pour rappel, plusieurs interpellations de porteurs du drapeau amazigh ont été opérées lors de la marche de vendredi dernier. Si nombre d'entre eux ont été relâchés sous la pression populaire, d'autres, en revanche, ont fait l'objet de poursuites judiciaires. Lundi dernier, trois porteurs de l'étendard vert et jaune ont été placés sous contrôle judiciaire par le juge d'instruction près le tribunal correctionnel de Cité-Djamel.