Pour l'ancien candidat à la présidentielle d'avril 1999, le pouvoir doit tenir compte "des revendications des forces politiques et sociales qui appellent à prendre des mesures concrètes pour apaiser la situation et pour rassurer". Figure importante du système politique algérien mis en place à l'indépendance du pays en 1962, l'ancien ministre des Affaires étrangères sous Chadli, Ahmed Taleb Ibrahimi, n'est pas pour autant prêt à voler au secours d'un pouvoir en mal de soutiens. Sans le dire ouvertement, il a refusé d'accepter les yeux fermés l'offre de dialogue inclusif proposée le 3 juillet dernier par le chef d'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, qui ne l'emballe pas beaucoup. "Le souhait du pouvoir d'initier un dialogue doit émaner d'une volonté politique véritable qui dépasse les considérations conjoncturelles", a-t-il précisé dans un communiqué rendu public hier. Une façon d'exprimer ses doutes sur la sincérité et la pertinence de la démarche des autorités ? Probablement. L'engagement d'un tel chantier exige, du point de vue de Taleb Ibrahimi, la réunion de certaines conditions, comme la reconnaissance de l'existence d'une crise de confiance entre les gouvernants et les gouvernés. "Toute approche sérieuse mise en œuvre, afin d'écourter le chemin vers la paix et pour se débarrasser définitivement des pratiques de la corruption et de la dictature, doit d'abord reconnaître l'existence d'une crise de confiance profonde entre le peuple et ses gouvernants, laquelle (crise de confiance) a débouché sur la rupture du 22 février dernier", a-t-il soutenu. Et d'enchaîner : "Une rupture qui a fait naître une conscience chez les jeunes qui n'acceptent plus les solutions de replâtrage et les demi-solutions." Autrement dit, les tenants du pouvoir n'ont pas, jusqu'ici, mis sur la table une proposition sérieuse à même de gagner l'adhésion des Algériens. Et, aux yeux de Taleb Ibrahimi, la commission de dialogue devant être mise en place doit être "libre et souveraine dans ses décisions" et jouir d'"une totale indépendance dans sa gestion" pour qu'elle puisse aider à "bâtir un consensus national autour de la meilleure formule à même de concrétiser les revendications du hirak populaire pour le changement radical (…)". Autre critique, quoiqu'indirecte, formulée par Ahmed Taleb Ibrahimi à l'égard de la démarche des autorités actuelles : l'absence de mesures d'apaisement en guise de gages de bonne volonté pour entamer un dialogue sérieux, comme l'ont relevé, avant lui, nombre de personnalités. Pour l'ancien candidat à la présidentielle d'avril 1999, les tenants du pouvoir en place doivent tenir compte "des revendications des forces politiques et sociales qui appellent à prendre des mesures concrètes pour apaiser la situation et pour rassurer". Ses préalables pour un dialogue sérieux posés, il a tenu à remercier le Forum de la société civile pour le changement pour avoir inclus son nom sur la liste des 13 personnalités choisies pour mener le dialogue et la concertation, non sans préciser que cela s'est fait à son insu. Et à l'ancien ministre de l'Education sous Boumediène de revendiquer haut et fort sa place aux côtés du peuple qui se bat. "Je suis toujours aux côtés du hirak", a-t-il clamé. Mieux, il a encouragé les composantes du mouvement populaire à "persévérer dans la voie pacifique en faisant preuve de plus de vigilance, afin de sauvegarder son principal acquis, en l'occurrence l'unité des rangs, jusqu'à la réalisation des objectifs légitimes". Clair, net et précis.