L'art du terroir s'en va au-delà de l'"axxam" Algérie à l'aide du passeport nuancé aux couleurs mais aussi grâce au savoir-faire de nos artistes. Parmi eux, Chafa Ouzzani qui a exposé à Florence ou encore Cannes, nous parle dans cet entretien de son aventure tunisienne, lors du Festival international des arts plastiques de Monastir. Liberté : Vous revenez de Tunisie où vous avez été invité en votre qualité de nuancier à faire don de vos tons au Festival international des arts plastiques de Monastir. Voulez-vous peindre pour nos lecteurs votre pérégrination en terre tunisienne? Chafa Ouzzani : J'ai été l'hôte de l'Association des beaux-arts de Monastir afin de participer aux côtés des "tons en temps" de mon confrère Djamal Talbi et ma consœur Djamila Ababsia à la 17e édition du Festival international des arts plastiques de Monastir qui a eu lieu du 19 au 29 juin dernier sous l'égide du gouverneur de Monastir. Une manifestation annuelle d'une dizaine de jours intitulée "Peace & paix" où s'étaient réunis 80 artistes issus de 23 nations. D'où ma fierté d'avoir peint aux côtés d'une pléiade d'artistes-peintres dont Abu Jalal Sarimon de Singapour, Irina Smiltchkova de Russie, Ali Zenaidi de Tunisie, Snezana Mitosevic de Serbie et tant d'autres venus de l'Allemagne, du Canada, d'Irak, de Turquie, de France, de Malaisie, de Suède, du Maroc et de l'Ukraine. C'est dire l'esprit de rapprochement dû à l'art qui a favorisé la pose d'une passerelle de jumelage ou plutôt celle de l'alliance artistique entre l'Association des beaux-arts de Monastir et celle de Serbie lors de ce festival. Au-delà d'une performance que vous ajouterez à votre CV, qu'est-ce que vous avez retenu de ce festival d'audience universelle et que nous n'avons pas chez nous ? Intrinsèquement, c'est l'organisation que l'on doit à l'artiste Nejib Rokbani qui a conçu des ateliers en workshops où chaque artiste a produit deux œuvres dans une thématique libre. D'où l'idéale harmonie qui a d'abord évacuée l'écueil de la langue au profit de l'expression artistique et jusqu'à atteindre l'objectif escompté de cette rencontre, à savoir que l'art soit utile à la promotion de la destination touristique, la Tunisie. Et pour étayer cet argument, les festivaliers ont été conviés à une excursion de trois jours dans le Sud tunisien, où nous avons croqué l'autre aspect méconnu d'une culture qui ne nous est pas étrangère. Qu'en est-il de la participation algérienne ? J'ai eu l'honneur d'occuper la troisième marche du podium avec mon œuvre réalisée en semi-abstrait et qui m'a été inspirée par l'authenticité d'un village berbère dit Chenini au sud tunisien dans l'oasis de Tataouine. De la sorte, j'ai vite fait le lien avec mon village d'origine : Chemini à Bejaïa. Donc et de Chemini à Chenini, il y a l'identique ciel où brille le même soleil ! S'agissant de la première place, celle-ci a été octroyée à une artiste turque alors que la seconde place est revenue à un peintre de la Malaisie. Un dernier mot ? Il est triste que l'Algérie soit indigente en matière de tels évènements et qu'on se limite uniquement à faire l'apologie de ce qui se fait chez nos voisins. N'est-il pas temps de décider enfin de la levée des contraintes administratives qui gèlent l'essor social de l'artiste plasticien qui est une valeur sûre.