Les marches de demain sont aussi celles de la réponse à apporter au discours lénifiant du chef de l'Etat intérimaire qui a tout simplement zappé le "hirak", prodiguant des louanges au panel de Younès et appelant derechef à une présidentielle dans l'immédiat. Le 27e vendredi de la contestation populaire promet d'être celui d'une (re)mobilisation sans précédent pour dénoncer, particulièrement, les manœuvres de la contre-révolution soutenues par la très controversée instance de dialogue et de médiation. Les étudiants ont donné le "la", mardi dernier, en investissant la rue à l'occasion de la célébration du 20 Août 1956, et les slogans scandés un peu partout dans les grandes villes du pays présagent déjà le répertoire de ce vendredi, l'avant-dernier en date avant la rentrée sociale. Parmi les cibles privilégiées, et outre les classiques FLN, RND, Bensalah, Bedoui et Gaïd Salah, on retrouve, cette fois, Karim Younès devenu, en l'espace de quelques jours, l'homme le plus détesté de la rue et de la blogosphère. Il est clair que son acharnement à faire croire que son panel est la dernière chance qui reste à l'Algérie avant de sombrer dans le chaos, explique cette aversion pour un homme qui a fait du lexique du chef d'état-major son livre de chevet. Sa précipitation à inviter des profils largement favorables au cinquième mandat pour faire partie de ce panel a définitivement enterré le peu de crédibilité politique qui restait à l'ancien président de l'APN et fervent partisan d'un Benflis qui attend patiemment son heure. Les marches de demain sont aussi celles de la réponse à apporter au discours lénifiant du chef de l'Etat intérimaire qui a tout simplement zappé le hirak, prodiguant des louanges au panel de Younès et appelant derechef à une présidentielle dans l'immédiat. Si la rue doit encore acter une 23e semaine de contestation, la question est de savoir si des contremarches, favorables au dialogue "officiel", auront lieu en parallèle. En effet, des appels à marcher en faveur de Karim Younès ont été relayés sur les réseaux sociaux afin de parasiter le mouvement populaire et donner l'illusion d'une adhésion à la base à l'initiative prônée par le pouvoir. Bensalah, dans son discours circonstanciel du 20 août dernier, évoque un dialogue "favorablement accueilli par l'opinion publique et enregistrant une adhésion et un soutien croissants de la part des acteurs de la scène politique". Une assertion battue en brèche par les vendredis et les mardis de la contestation d'où cette offensive "virtuelle" des trolls qui commencent à, sérieusement, ruer dans les brancards. Mais pour les observateurs avertis de la scène politique, il existe peu de probabilité d'assister à de véritables contremarches organisées même s'il y a de fortes chances de voir des carrés "novembristes-badissistes" se former à l'ombre des services de sécurité. Malgré la fermeté du discours martial et la multiplication des appels à la division, la rue reste solidaire et continue de donner, à chaque halte hebdomadaire, les preuves d'un mouvement qui résiste aux différents tirs de barrage. Demain sera aussi l'occasion de mesurer le degré de crédibilité d'une justice qui vient d'envoyer son ex-ministre, Tayeb Louh, devant la Cour suprême. À Oran, les manifestants se sont interrogés sur le rôle de cette justice "aux ordres" alors que certaines figures de l'ancien système semblent intouchables car présumées faire partie du cercle rapproché du vice-ministre de la Défense. Ainsi, des slogans ont été scandés sur la place d'Armes appelant cette même justice à s'intéresser aux affaires du fils de Gaïd Salah.