Un immense drapeau algérien a été déployé hier après-midi par les manifestants sur la place de la République, à Paris, lors du 28e rassemblement de la diaspora en France, pour le changement du système politique en Algérie. Les présents ont tenu à marquer avec des slogans la célébration du 63e anniversaire du Congrès de la Soummam, qui avait consacré la primauté du civil sur le militaire dans le fondement du futur Etat algérien indépendant. Les manifestants ont également observé une minute de silence en hommage aux héros de la Révolution de Novembre 1954 et de celle qui est en cours aujourd'hui dans le pays pour la démocratie. "Les Algériens se battent pour arracher leur liberté et reprendre le pouvoir sur un régime illégal qui s'est construit avant même l'indépendance, en commençant par liquider ses opposants. Nous savons aujourd'hui que l'assassinat d'Abane Ramdane visait à associer un système totalitaire, contrôlé par l'armée", a expliqué un vieux monsieur, estimant que le peuple ne veut plus que l'Algérie soit gérée par des généraux. "Libérons l'Algérie des despotes, des usurpateurs, des voleurs et de ceux qui nous ont trahis depuis 1962", a, pour sa part, crié un autre compatriote, qui a décrit dans une diatribe, très acclamée, l'Algérie comme une propriété privée. "La bande a accaparé toutes les richesses, alors que le peuple manque de tout. Les hôpitaux sont délabrés. Les routes sont défoncées. Les rues sont sales. Les Algériens en ont ras-le-bol. Il faut que ça change !", a poursuivi le tribun. Pour lui, comme pour les autres manifestants qui ont pris la parole, au forum organisé par le collectif Debout l'Algérie — un des organisateurs de la manifestation —, le départ du système doit être revendiqué comme une solution unique à la crise. "Pas de dialogue avec les voleurs. Il faut formaliser la période de transition et aller vers une Constituante", a réclamé une dame. Cette double exigence anime le combat qui est mené en France, par un certain nombre de collectifs, qui ont vu le jour depuis le début du mouvement populaire en février dernier. "Nul ne peut arrêter un peuple déterminé à se réapproprier son destin. Nul ne peut arrêter un peuple sur la voix de sa libération. Nul ne peut le dévier de sa véritable vocation, c'est-à-dire assurer l'exercice de la citoyenneté et de la souveraineté", résume le collectif Libérons l'Algérie dans un communiqué. Forts par leur nombre, les Algériens de l'Hexagone pensent qu'ils peuvent peser dans la balance, en continuant à soutenir, depuis l'étranger, le combat de leurs compatriotes pour la démocratie. S. L.-K.