L'université d'été de l'association Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), prévue pour les 28, 29 et 30 août, a été interdite par les autorités locales de Béjaïa, sans qu'un motif précis soit signifié aux organisateurs, a affirmé, hier, Abdelouahab Fersaoui, président du RAJ. Dans un communiqué de presse rendu public, hier après-midi, les responsables de cette association nationale de jeunes, créée en 1992, indiquent que "la wilaya de Béjaïa vient d'interdire la tenue de l'université d'été du RAJ, initialement prévue pour les 28, 29 et 30 août 2019 au camp d'été Mam-Tours, à Tichy, dans la wilaya de Béjaïa", précisant qu'"aucun motif n'a été avancé par les services de la wilaya pour justifier ce refus". Exprimant son indignation face à cette "attitude arbitraire", le RAJ "condamne et dénonce avec force cette interdiction" qui traduit, estime-t-on, "la volonté et la détermination du pouvoir en place d'interdire tout espace de débat, d'échange, de dialogue et de partages libres d'idées". Le comble du paradoxe, pour les animateurs du RAJ, "c'est au moment où ce pouvoir appelle au dialogue pour ‘désamorcer' la crise, qu'il s'emploie à étouffer toutes voix discordantes et empêche le libre débat et le dialogue entre les Algériens". Les rédacteurs dudit communiqué soutiennent que "cette interdiction n'est que la conséquence logique des actions et des appels du pouvoir réel pour réagir fermement face aux mouvement populaire revendiquant pacifiquement un changement total et radical du système et réclamant l'instauration d'une nouvelle République basée sur la démocratie, la justice sociale, les libertés individuelles et collectives et la pluralité". Après avoir réaffirmé la conviction de ses militants, le RAJ assure que "nul ne pourra nous réduire au silence, ni à la soumission, encore moins à la compromission avec un régime agonisant et finissant, obsédé uniquement par sa survie". Par ailleurs, les responsables de cette organisation de jeunes appellent l'ensemble des acteurs sociaux, politiques et syndicaux, à la solidarité et à la mobilisation en participant au rassemblement de protestation qui se tiendra aujourd'hui, mercredi 28 août, à partir de 18h, à la place de la Liberté d'expression Saïd-Mekbel de Béjaïa. Réagissant à la décision des autorités de Béjaïa d'interdire l'université d'été de l'association RAJ, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), à travers son chargé de communication, Atmane Mazouz, dénonce "cette nouvelle atteinte au droit de réunion des acteurs autonomes", tout en apportant son soutien au RAJ "qui vient de subir le diktat d'une administration aux ordres en totale contradiction avec les principes universels de liberté". "Les atteintes aux libertés se multiplient. L'administration a, encore une fois, récidivé en interdisant la tenue de l'université d'été du RAJ. Pour les autorités, la priorité est dans la promotion d'un dialogue-soumission qui a pour seul objectif de détourner la révolution en marche du peuple algérien pour une rupture radicale avec un système politique corrompu et mafieux", note ce responsable du RCD dans son communiqué. De son côté, la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh) a également dénoncé ce qu'elle qualifie de "pratiques autoritaires contraires aux dispositions de la Constitution et aux conventions internationales relatives aux droits de l'Homme ratifiées par l'Algérie consacrant et garantissant les droits de s'organiser, de se réunir et de s'exprimer pacifiquement". Pour l'organisation de Me Noureddine Benissad, la fermeture des espaces de débat, de réflexion et de dialogue "est, pour le moins, en contradiction totale avec le discours officiel qui prétend encourager les débats et dialogue". Enfin, la Laddh considère que "ces restrictions aux droits fondamentaux sont antinomiques avec les revendications du hirak qui s'exprime clairement pour un Etat de droit respectueux des libertés". KAMAL OUHNIA