Ils semblent intransigeants sur le départ de tous les symboles du régime. Ils ont marché comme à leur habitude et emprunté le même itinéraire. Depuis le 26 février, date de leur première marche, les étudiants n'ont raté aucun rendez-vous. Hier, ils étaient encore présents, avec la même détermination, pour leur 27e marche, la dernière avant la rentrée sociale. Le moins que l'on puisse dire c'est que les étudiants ont relevé le défi de poursuivre le mouvement durant cette période des vacances. Ce 27e mardi, ils ont marché comme à leur habitude et emprunté le même itinéraire. Et comme à chaque fois, les étudiants ont été rejoints par de nombreux citoyens. Durant le traditionnel débat qu'ils ont tenu dans la matinée à la place des Martyrs, les étudiants ont, tour à tour, réaffirmé leur rejet du dialogue initié par le panel de Karim Younès et de la tenue de la présidentielle "avec la bande". Prenant la parole, un étudiant a déclaré : "Nous ne sommes pas contre les élections mais des élections propres qui ne se feront pas avec le gouvernement Bedoui qui a été l'artisan du trafic de 6 millions de formulaires au profit de Bouteflika." Tous les présents ont été unanimes pour dire que le mouvement doit continuer. "Le hirak ne doit pas s'arrêter et l'organisation doit être plus importante que la représentation. À quelques exceptions près, il n'y a pas de société civile", a affirmé un autre étudiant. Avant le départ de la marche, les étudiants ont observé une minute de silence à la mémoire des victimes de la bousculade de jeudi soir au concert de Soolking. Tout le long du parcours qui les a menés de la place des Martyrs à l'avenue El-Khettabi, en passant par la rue Larbi-Ben M'hidi, le boulevard Amirouche et la rue Didouche-Mourad, les étudiants n'ont pas cessé de rappeler leurs revendications. Les étudiants ont ainsi scandé leur slogan-phare, à savoir "Dawla madania, machi âaskaria" (Etat civil et non militaire). Ils ont, également, réitéré leur rejet du dialogue prôné par le pouvoir. Comme mardi dernier, les étudiants ont marqué une halte devant le centre culturel Larbi-Ben M'hidi en reprenant leurs slogans habituels, tels que "Karim Younès à la poubelle", "Pas d'élection avec la bande" et "Quelle honte, c'est la bande qui organise l'élection". Le chef d'état-major de l'ANP n'a pas, lui aussi, échappé à la colère des étudiants. "Karim Younès maymethlnech ou el-Gaïd mayahkemnach" (Karim Younès ne nous représente pas et El-Gaïd ne nous gouverne pas), ont scandé les marcheurs qui n'ont pas oublié les détenus. D'ailleurs, un des marcheurs portait le portrait du jeune capitaine de la marine marchande, Hamza Djaoudi, emprisonné après avoir posté une vidéo sur Youtube, où il dénonçait le monopole de la société émiratie DP World dans la gestion des ports algériens. "Arefdou ouled el-Gaïd ou atelgou ouledna", "Ikhwani matensaouch echouhada et libérez Bouregâa" (Mes frères n'oubliez pas les martyrs et libérez Bouregâa), ont également scandé les marcheurs. Les étudiants semblent intransigeants sur le départ de tous les symboles du régime. Ils l'ont bien exprimé en reprenant en chœur : "Gaïd Salah, Bensalah dégagez." Comme mardi dernier, la marche a également fait une deuxième halte au boulevard Amirouche, devant le siège de l'Unea, où les étudiants ont fustigé les syndicats étudiants en criant : "Les syndicats à la poubelle." En début d'après-midi, La marche s'est dispersée dans le calme après avoir atteint l'avenue El-Khettabi donnant la nette impression d'un retour en force de la mobilisation à une semaine de la rentrée scolaire. "Dès le début septembre, les étudiants, partis en vacances, vont rentrer et le mouvement se renforcera toujours davantage", nous a expliqué un étudiant qui a tenu à préciser : "Nous ne savons pas pour le moment quelle sera l'issue de ce mouvement, mais ce qui est sûr, c'est que nous le poursuivrons." Le message de cet étudiant est limpide. Les étudiants n'accepteront plus que l'Algérie se fasse sans eux. Saïd Smati