Le mouvement populaire à Bouira a connu, hier, lors du 28e acte des marches contre le système, une nette résurgence. Une mobilisation record, qui rappelle celle enregistrée lors des premières heures de la révolution populaire enclenchée le 22 février. Des dizaines de milliers de citoyens ont, pour ce 28e vendredi consécutif, battu le pavé afin d'exiger le départ du système et de tous ses symboles, tout en rejetant toute forme de dialogue imposée par le pouvoir. Une détermination sans faille pour ce dernier vendredi avant la rentrée sociale qui s'annonce des plus mouvementées. En effet, les manifestants ont repris du poil de la bête, dans la mesure où les manifestants ne cessaient d'affluer sur la place des Martyrs, pour prendre le départ d'une marche qui s'annonçait grandiose. 13h45, le boulevard Zighoud-Youcef, qui traverse d'Est en Ouest le chef-lieu de la wilaya, était noir de monde. "Je ne sais pas ce que le système attend pour plier bagage ? Voir autant de monde revendiquer une seule et même chose, à savoir le départ de tous et ne pas faire preuve de dignité en partant, je considère cela comme du mépris pour tout un peuple", a affirmé M'hena, journaliste et militant de la cause amazighe. Pour ce qui est de l'élection présidentielle que le chef d'état-major veut "dans les plus brefs délais", la sentence du peuple est sans appel : "Elle n'aura pas lieu, sans une véritable période de transition." Les manifestants, tout au long de leur procession qui les a conduits vers le siège de la wilaya, ont scandé des slogans hostiles au pouvoir en place. "Bedoui dégage", "FLN dégage !", "Le peuple veut la chute du régime" ou encore le traditionnel "Pouvoir assassin". En outre, les membres de la commission de "personnalités" chargée par Abdelkader Bensalah de superviser un dialogue national, ont, encore une fois, été critiqués par les milliers de citoyens. Karim Younès ainsi que les autres membres des "dialoguistes", ont été littéralement qualifiés de "traîtres" par les contestataires qui refusent, encore et toujours, tout dialogue avec "la bande et ses résidus". "Ces personnes ne représentent qu'elles-mêmes et n'ont nullement le droit de parler au nom du peuple et encore moins dialoguer en son nom", tranchera un manifestant qui tenait une pancarte où il était inscrit : "Non au dialogue avec la bande". La marée humaine d'hier, a unanimement condamné la "trahison" des membres de ladite commission. Le slogan "Daoula madania, machi aâskariya" (Un Etat civil et non militaire), a été scandé à tue-tête par les marcheurs. 15h30, l'esplanade de la maison de la culture Ali-Zamoum de Bouira était pleine comme un œuf. Tout ce beau monde s'est ensuite regroupé devant le siège de la wilaya de Bouira, d'où une marche grandiose a été entamée. Des dizaines de milliers de citoyens étaient dans la rue, dans une ambiance moins festive que les premiers temps de la révolution du sourire, mais avec une détermination tout aussi intacte. Pour ce qui est des pancartes brandies, des banderoles déployées et autres slogans scandés lors de cette démonstration de force populaire, dont les désormais célèbres "Ni Bensalah ni Gaïd Salah, Yetnahaw gaâ !" et "Ulac lvot ulac" (Il n'y aura pas de vote) étaient repris sans arrêt. RAMDANE BOURAHLA