Le financement du déficit du Trésor pour l'exercice 2020 sera problématique. Le gouvernement en place, qui fait, par ailleurs, face à un déficit de légitimité, sera certainement confronté à la complexité des arbitrages budgétaires au titre de l'avant-projet de loi de finances qu'il examinera la semaine prochaine. Avant-hier, lors d'une audience accordée au Premier ministre, Noureddine Bedoui, qui lui a présenté un exposé sur les préparatifs de la loi de finances 2020 et les mesures adoptées par le gouvernement pour la maîtrise de la dépense publique et la résorption du déficit budgétaire, le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, a instruit le gouvernement de faire preuve de rigueur et de rationalité, particulièrement en termes de dépenses liées au fonctionnement des administrations et des entreprises publiques, insistant sur l'impératif d'éviter les dépenses, économiquement et socialement, injustifiées. M. Bensalah a tenu à affirmer que "la rigueur et la rationalité, au titre de la loi de finances 2020, quand bien même seraient-elles une nécessité impérieuse dictée par la conjoncture difficile au double plan interne et externe, ne doivent pas se faire au détriment de la politique sociale de l'Etat, qui sera maintenue en ciblant les catégories démunies". Les statistiques publiées par le ministère des Finances concernant les opérations du Trésor à fin mars 2019, confirment la situation inquiétante des finances publiques. Le déficit global du Trésor enregistré au cours du premier trimestre a été de 1 352,5 milliards de dinars. Les dépenses de fonctionnement ont augmenté à 1 556,5 milliards de dinars à fin mars 2019, contre 1 395,3 milliards de dinars (+11,55%) durant le même trimestre en 2018. En revanche, les dépenses d'équipement ont, quant à elles, baissé de plus de 28%, passant à près de 892 milliards de dinars au premier trimestre de l'année en cours, contre 1 243,62 milliards de dinars durant la même période de l'année dernière. Ces coupes budgétaires vont impacter négativement la croissance hors hydrocarbures. Les autres moteurs de la croissance sont également grippés. C'est le cas de la consommation des ménages qui, de l'avis de l'Office national des statistiques (ONS), a reculé. "Les ménages ont réduit effectivement leur consommation en 2018 et sont de plus en plus confrontés à des problèmes d'arbitrage entre l'investissement notamment en logement et la consommation finale. De plus, la reprise de l'inflation explique également la baisse des taux de croissance en volume de la consommation finale", relève l'ONS. Par ailleurs, si le financement du déficit du Trésor ne se pose pas pour l'exercice de l'année en cours, celui de l'exercice 2020 sera problématique. Le gouvernement actionnera-t-il, de nouveau, la planche à billets ? Le ministre des Finances avait indiqué, en juillet dernier, que "le financement non conventionnel a été gelé pour l'exercice en cours (2019), mais il reste un levier important, mais non exclusif, de financement pour le Trésor jusqu'à 2022". Le grand argentier du pays avait précisé que sur les 6 553,2 milliards de dinars mobilisés dans le cadre du financement non conventionnel, environ 5 500 milliards de dinars ont été injectés dans l'économie. "Il reste donc 1 000 milliards de dinars environ, mobilisés depuis le 18 janvier 2019, qui sont destinés à financer une partie du déficit du Trésor de l'exercice en cours", a-t-il affirmé.