Fraîchement nommé ministre de l'Energie, le prince Abdel Aziz ben Salman ne souhaite pas s'écarter de la stratégie saoudienne qui consiste à défendre une politique de prix et non pas mener une lutte serrée pour préserver des parts de marché. Comprendre qu'il n'y a pas de changement de cap, le royaume veut toujours agir directement sur la production. Hier, son nouveau ministre s'est, d'ailleurs, dit favorable à la poursuite de la politique de baisse de la production de pétrole, expliquant qu'une diminution de la production bénéficiera à tous les membres de l'Opep, c'est-à-dire qu'elle pourra faire augmenter les cours du brut. Le prix du baril de Brent se situe actuellement autour de 60 dollars, contre plus de 75 dollars, il y a un an et après avoir chuté à 50 dollars fin 2018. L'Opep et ses alliés ne vont pas ainsi s'empêcher de faire encore des coupes dans la production, est-ce pour autant la panacée à l'instabilité qui affecte les marchés ? Le Comité ministériel conjoint de suivi, l'aiguilleur de l'Opep+, va examiner, jeudi 12 septembre, le degré de respect par chaque pays de l'accord conclu fin 2018 pour réduire l'offre. Il est attendu que cette réunion évoque de nouvelles baisses de la production pour soutenir les prix. Ce Comité créé en 2016 suite à la "déclaration de coopération" de la réunion ministérielle mixte Opep-pays non-membres de l'Opep, est chargé de veiller à ce que ces objectifs soient réalisés grâce à la mise en œuvre des ajustements volontaires de la production du pétrole des pays Opep et non-Opep. Le JMMC est composé de l'Arabie saoudite, de la Russie, de l'Algérie, des Emirats arabes unis (EAU), de l'Iraq, du Kazakhstan, du Koweït, du Nigeria et du Venezuela. L'Opep+ a décidé, fin 2018, de réduire sa production, alors que la faiblesse de l'économie mondiale et l'abondance de la production américaine d'huile de schiste risquaient d'entraîner un surplus de pétrole sur les marchés. Auparavant, ces mesures avaient généralement permis de faire grimper les prix. Mais, ces derniers mois, les cours ont baissé, même après la décision en juin de l'Opep+ de prolonger de neuf mois l'accord sur la réduction de la production. Des experts estiment toutefois que cela n'est pas attribuable à un manque de volonté ou de rigueur dans l'analyse des fondamentaux de la part de l'Opep+, mais plutôt à un certain nombre de contraintes qui sont les conséquences non prévues de l'évolution du contexte géopolitique. En effet, un nouveau facteur doit être pris en compte dans la stratégie de l'Opep+, celui du différend commercial entre les deux plus grandes économies du monde la Chine et les Etats-Unis. Le prince Abdel Aziz a estimé que le conflit, qui a provoqué des craintes d'une récession mondiale, a jeté un flou sur le marché pétrolier. Lors d'une conférence de presse dimanche dernier à Abu Dhabi, le ministre émirati de l'Energie et de l'Industrie, Souheil al-Mazrouei, a également reconnu l'effet de ces tensions sur le marché du pétrole. Mais, a-t-il ajouté, je ne suggérerais pas de nous lancer dans des coupes de la production à chaque fois qu'il y a un problème de tensions commerciales, déclarant que l'Opep+ ferait le nécessaire pour rééquilibrer le marché. Les inquiétudes sur la santé de l'économie mondiale, marquée par le différend commercial entre les Etats-Unis et la Chine, ont conduit, vendredi dernier, l'AIE à revoir à la baisse ses prévisions de croissance de la demande de pétrole pour 2019 et 2020. Youcef Salami