Rejetant la feuille de route du pouvoir, la foule a dénoncé la énième mascarade électorale que compte imposer le chef d'état-major de l'armée. La ville d'Ighzer Amokrane, chef-lieu de la daïra d'Ifri-Ouzellaguen, a vibré de nouveau, hier matin, au rythme d'une marche pacifique initiée par un collectif citoyen en collaboration avec les familles des détenus d'opinion originaires de la wilaya de Béjaïa. Cette manifestation de rue, quatrième du genre dans la localité depuis le début du hirak, a été ponctuée par une grève générale d'une demi-journée, observée de 8h à 12h par l'ensemble des commerçants et des entreprises privées de la commune d'Ouzellaguen. Le coup d'envoi de la marche a été donné, comme à l'accoutumée, à 10h, depuis la placette du marché hebdomadaire des fruits et légumes, jouxtant l'ex-souk el-fellah d'Ighzer Amokrane. En tête de la procession, des jeunes animateurs du mouvement populaire, à bord d'un véhicule utilitaire équipé d'une sonorisation, se relayaient au micro pour haranguer la foule, en scandant des slogans hostiles au pouvoir en place et à sa feuille de route. "Asma3 ya el Gaïd, dawla madania, machi askaria" (Ecoute Gaïd, nous voulons d'un Etat civil et non militaire), "Makanch el vote ma3a el-içabate" (Pas d'élections avec la bande au pouvoir), "Ulac l'vote ulac", "Amanaach, Gaïd Salah fi el-Harrach" (Vivement l'incarcération de Gaïd Salah), "Libérez les détenus"…, ce sont là les principaux slogans repris en chœur par les marcheurs qui brandissaient le drapeau national et l'emblème amazigh. Plusieurs manifestants ont également arboré tout au long de leur parcours les portraits de certains détenus d'opinion incarcérés à la prison d'El-Harrach, notamment ceux du moudjahid Lakhdar Bouregâa et des deux jeunes natifs d'Ouzellaguen, Tahar Oudihat et Yazid Kasmi en l'occurrence, arrêtés à Alger pour port du drapeau symbolisant l'identité berbère. Rejetant la feuille de route du pouvoir, la foule a dénoncé vigoureusement la énième mascarade électorale que compte imposer le chef d'état-major de l'armée. On a remarqué aussi la présence parmi la foule de quelques figures politiques, tels le député démissionnaire Khaled Tazaghart, le militant de la démocratie Zahir Benkhellat, le blogueur Merzoug Touati, ainsi que des élus locaux, dont le maire d'Ouzellaguen, Rachid Beldjoudi, qui s'implique pleinement dans les actions du mouvement révolutionnaire né le 16 février 2019 à Kherrata. Après avoir sillonné le tronçon routier de la RN26 qui traverse le chef-lieu de la daïra d'Ifri-Ouzellaguen, la déferlante humaine a regagné le centre-ville pour organiser un rassemblement sur la placette jouxtant le carré des martyrs du Printemps noir de 2001. Là encore, les manifestants réitèrent les principales revendications du hirak, en scandant à tue-tête les slogans tout au long de l'itinéraire de la marche. Invités à prendre la parole devant la foule, certains membres des familles des détenus ont tenu à rendre hommage à tous les militants et autres citoyens engagés dans le mouvement populaire du 22 février, ainsi qu'à tous les avocats et défenseurs des droits humains qui se sont solidarisés et mobilisés à leurs côtés afin d'assurer la défense des "otages" du pouvoir. KAMAL OUHNIA