La Casbah d'Alger est, depuis hier, en deuil. Elle vient de se faire ravir l'un des siens, Belkacem Babaci. L'infatigable narrateur des secrets "croustillants" de la vieille Médina d'Alger est décédé avant-hier à l'âge de 80 ans en son domicile à Alger. Le désormais ex-président de la Fondation Casbah, dont la santé était très fragile ces derniers temps, a été inhumé hier au cimetière de Oued Romane (El-Achour), en présence d'une foule nombreuse. Ses proches, ses anciens collègues au gouvernorat d'Alger, des personnalités politiques et historiques, des responsables militaires à la retraite et des membres de la société civile étaient venus l'accompagner à sa dernière demeure. Parmi l'assistance figuraient principalement, l'ancien membre du Haut comité d'Etat (HCE), Me Ali Haroun, ainsi que d'autres hauts fonctionnaires de l'Etat. L'ex-président de la Fédération de France, Me Ali Haroun n'a pas manqué, en cette pénible circonstance, de nous prendre à témoin, pour rendre hommage à cet enfant terrible de la vieille cité d'Alger. "J'ai eu l'honneur de connaître l'infatigable Belkacem Babaci dans le cadre des activités de la Fondation qu'il présidait. J'ai découvert en lui un monsieur pétri de qualités humaines. Il importe de rappeler aujourd'hui que le défunt a consacré le plus clair de sa vie pour la sauvegarde de La Casbah. Il n'a ménagé aucun effort pour sauver les douirettes de La Casbah. Il a milité inlassablement pour que la Médina d'Alger bénéficie du statut de patrimoine universel, classé par l'Unesco. Il ne faudrait pas perdre de vue que le moudjahid Babaci a beaucoup travaillé pour la restitution du canon Baba Merzoug, le gardien de la capitale, qui se trouve à ce jour dans le musée de Brest, en France", témoignera Ali Haroun. Avant de créer la Fondation Casbah en 1991, le défunt a rejoint les rangs du Front de Libération nationale (FLN) avant d'occuper, après l'indépendance, plusieurs postes de responsabilité dont wali délégué à la sécurité, successivement à Djelfa et à Adrar, avant d'être nommé délégué à la sauvegarde de La Casbah. Parallèlement à ses activités à la Fondation, Babaci avait créé un comité national dans l'espoir d'une restitution du canon légendaire Baba Merzoug "séquestré" depuis 1830 dans la région du Finistère par la France. Pour lui, le retour du canon Baba Merzoug, connu sous le nom de "Mahroussa" est une autre victoire du peuple algérien après celle de l'indépendance. Le défunt a, d'ailleurs, dressé, à travers un ouvrage, un tableau assez exhaustif sur le fleuron de l'artillerie algérienne du XVIe siècle. En fait, il voulait faire connaître Baba Merzoug aux générations montantes "l'épopée de Baba Merzoug, le canon d'Alger". Il est parti sans avoir assisté au retour de Baba Merzoug. Hanafi HATTOU