Cela faisait une demi-heure que les membres du comité anti-répression d'Oran, accompagnés de citoyens, avaient entamé leur sit-in, lorsqu'un agent des forces de l'ordre vient demander à des représentants du comité de le suivre au tribunal. En fait c'est le procureur de la République près le tribunal de la cité Jamel, qui a souhaité s'enquérir des raisons de cette action de protestation, la troisième du genre qui se tenait hier matin devant le tribunal. Les deux membres du comité, reçus par le procureur, feront, par la suite, un compte rendu de la teneur des propos échangés dans le bureau de ce dernier. Celui-ci, se sentant probablement interpellé par les slogans, signifiera aux membres du comité qu'il n'y avait aucun détenu d'opinion à Oran. "Nous avons expliqué au procureur que notre action intervient en solidarité avec l'ensemble des détenus d'opinion en Algérie, puisqu'à Oran nous avons seulement trois personnes sous contrôle judiciaire et que nous considérons cela comme une affaire nationale", a encore précisé l'un des représentants du comité anti-répression. En revanche le procureur a rappelé à ses interlocuteurs que des autorisations étaient exigées pour toute action de ce genre. Ce à quoi, deux représentants du comité et défenseurs des droits de l'Homme lui ont répliqué sans ambiguïté : "Cela était valable avant le 22 février, maintenant nous aspirons à une autre Algérie, libre et démocratique." Après cette parenthèse, les participants au rassemblement continueront leur action, en scandant, pendant plus d'une heure, des slogans tels que "Une justice libre et indépendante", "Libérez les détenus d'opinion qui n'ont pas vendu de cocaïne", "Rendez-nous Bouregâa et prenez Gaïd Salah", "Libérez nos enfants, prenez ceux de Gaïd". Durant le sit-in de protestation le cas d'un détenu d'opinion de Tlemcen, Réda Assam Sayeh, a été mis en relief. Déjà malade, ce dernier qui observe une grève de la faim, est dans un état jugé critique. Il a dû être hospitalisé. Les membres du comité anti-répression rappelleront que les actions de protestation hebdomadaires sont inscrites dans la durée. D. Loukil