De nombreux opérateurs économiques ont accueilli avec grande satisfaction la suppression de la règle 51/49 imposée il y a dix ans dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour 2009. Ils estiment, toutefois, que cette abrogation n'aura pas un impact positif direct si les pouvoirs publics ne définissent pas une politique économique orientée vers plus d'intégration et destinée à l'exportation. Pour attirer les IDE, il faut au préalable mettre en place un environnement favorable fondé sur, entre autres, des avantages comparatifs, une fiscalité avantageuse, la qualité des infrastructures, le niveau de ses ressources humaines, une main-d'œuvre qualifiée, un marché dynamique, etc. "Même si la décision est bonne en elle-même, il est peu possible qu'elle booste dans l'immédiat l'investissement en Algérie", avoue l'économiste Abdelhak Lamiri. Pour lui, notre pays a commis des erreurs énormes avec cette disposition de la LFC 2009 car, elle ne devrait concerner que les secteurs et les entreprises stratégiques notamment les hydrocarbures. Auparavant, le pays attirait 2,5 milliards de dollars d'investissements, alors que, de nos jours, le montant ne dépasse guère 1 milliard de dollars. La règle a réduit de 96% le nombre de projets IDE. Les étrangers ont voulu venir investir mais cette condition les a dissuadés. Et les investissements ont pris, par conséquent, d'autres destinations surtout vers l'Egypte (7 milliards de dollars), le Maroc (2,5 milliards de dollars), pour ne citer que ces deux exemples. "Ça peut relancer l'économie, booster les investissements, créer de l'emploi et de la richesse mais pas pour le moment. Car, nous sommes actuellement dans une logique de règlement de problèmes politiques internes d'abord afin que cela soit un signal fort pour les étrangers", a souligné M. Lamiri, lors de son passage hier sur les ondes de la radio Chaîne III. "L'annulation de la règle c'est bien, mais il faut qu'il y ait des mesures d'accompagnement afin que l'attractivité des investissements soit suffisamment mûre pour développer le pays", indique l'expert. Il évoque une stratégie globale qui doit prendre en considération les leçons de l'échec et donner lieu à des réformes structurelles aux fins d'améliorer le climat des affaires et attirer les investisseurs étrangers. Cela implique, suggère-t-il, la modernisation des administrations et des banques mais également le développement des ressources humaines. Le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri, reste, pour sa part, favorable à l'abrogation de la règle 51/49 qui, selon lui, était l'une des revendications des opérateurs une dizaine d'années durant. Cependant, nuance-t-il, il faut que les avantages liés à la fiscalité et autres aides que l'on accordera dans le cadre des IDE, aillent vers des secteurs qui privilégient la remontée des filières (l'intégration) en utilisant des matières premières algériennes tout en mettant le cap sur l'export. L'agriculture ou l'agroalimentaire, l'industrie manufacturière, l'automobile, la sous-traitance, les mines… sont parmi les secteurs d'activité à cibler pour des projets d'investissement. M. Nasri pense que la création de zones franches (offshoring) sera également bénéfique pour l'économie nationale puisqu'elles peuvent attirer des investissements et constituer de véritables zones d'exportation à l'image de Tanger Med au Maroc. "Les zones franches sont un espace idéal pour l'attrait des IDE et l'exportation", précise le représentant des exportateurs. "La mesure de suppression est à saluer, mais elle reste insuffisante parce qu'elle est conditionnée par l'amélioration du contexte politique, économique et social du pays", relève-t-il.