Plusieurs centaines d'avocats affiliés au barreau de Béjaïa ont battu le pavé, jeudi dernier, dans les principales artères de la capitale des Hammadites, en signe de soutien au mouvement populaire né le 22 février 2019. Initiée par les membres de l'Ordre régional des avocats de Béjaïa (Orab), cette marche pacifique, qui s'est ébranlée vers 10h du siège du palais de justice, sis à la cité Tobbal, a été ponctuée d'une grève générale d'une journée, observée à travers l'ensemble des juridictions relevant de la cour de justice de Béjaïa. Revêtus de leurs robes noires et munis des drapeaux national et amazigh, les membres du barreau de Béjaïa ont mis en avant les principaux slogans du hirak, allant du "rejet de tout dialogue et élection avant le départ de toutes les figures du système", jusqu'à "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus politiques et d'opinion". "Libérez l'Algérie, libérez la justice, libérez les détenus", "Adala qanounia, machi siyassia" (Pour une justice légale et non politisée), "Eddawla fi el qanoune, machi fi téléphone" (L'Etat ne doit obéir qu'à la loi, non pas au téléphone), "Errahla, la hiwar, la chiwar" (Pas de dialogue, pas de consultation), "Makanch el-intikhabat, ya el-îssabat" (Pas d'élections, espèce de bandes mafieuses), ou encore "Ulac l'vote ulac" (Pas d'élections), "Dawla madania, machi âaskaria" (Pour un Etat civil et non militaire)… sont autant de slogans scandés par les manifestants. Dénonçant les restrictions sur les libertés et la vague de répression qui s'abat sur les animateurs du mouvement populaire, les marcheurs n'ont pas omis de condamner la dernière instruction donnée par le chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, aux services de sécurité, ordonnant l'empêchement des citoyens et des véhicules d'accéder à la capitale les vendredis. "Ya lilâar, ya lilâar, assima tahta el-hissar" (Quelle honte ! La capitale en état de siège), ont-ils scandé, tout en qualifiant cette nouvelle mesure répressive d'"atteinte grave à la liberté de circulation, qui est un droit constitutionnel et universel". Après avoir parcouru la route de Naciria et la rue de la Liberté, en passant par le siège de la wilaya et l'intersection de Rabéa, le cortège des robes noires a regagné la cité Tobbal pour se diriger de nouveau vers le palais de justice, point de chute de la manifestation. Une fois arrivée dans l'enceinte de l'institution judiciaire, la foule s'est massée sur le perron de la cour pour reprendre en chœur les mêmes slogans scandés tout au long de la marche. Réitérant leur refus de "cautionner la mascarade électorale" du pouvoir, les manifestants s'en sont pris aux deux membres de l'Union nationale des barreaux d'Algérie (UNBA) qui ont rejoint l'instance nationale chargée de l'organisation de l'élection présidentielle du 12 décembre prochain. "Ahmed Saï khayen el mouhamine" (Ahmed Saï a trahi les avocats), ont-ils scandé, fustigeant ainsi le président de l'UNBA. Par ailleurs, les avocats affiliés au barreau de Béjaïa invitent leurs confrères des autres régions du pays à respecter et à mettre à exécution les résolutions prises lors de la dernière assemblée générale du conseil de l'Union nationale des barreaux d'Algérie, tenue le 6 juillet dernier à Béjaïa. Pour rappel, les membres de l'UNBA se sont engagés, à l'issue de leur AG, à "accompagner et à appuyer le mouvement populaire dans sa lutte pour le changement radical du système" et à "défendre les manifestants arbitrairement arrêtés". Kamel Ouhnia