Tout en déployant le drapeau national et l'emblème amazigh, les manifestants ont observé devant le siège de la wilaya une halte pour dénoncer ce qu'ils ont qualifié de "reste d'el-îssaba". Les adhérents de plusieurs fédérations du Snapap (Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique) affiliées à la Confédération générale autonome des travailleurs algériens (Cgata) ont observé, hier, une grève suivie d'une marche dans les rues de Béjaïa. Les travailleurs de plusieurs secteurs d'activité, à savoir de la santé, dont le CHU de Béjaïa, des travaux publics, de l'habitat, de l'éducation nationale, de l'université et des communes, ont répondu à l'appel et ont d'ailleurs été les premiers à manifester en cette rentrée sociale pour exiger le départ du système, en attendant d'organiser d'autres actions en concertation avec leurs partenaires, à savoir les syndicats, la société civile, voire la classe politique de la mouvance démocratique, avec lesquels ils sont engagés par ailleurs. Les manifestants, venus des quatre coins de la wilaya, ont entamé leur marche vers 10h30, depuis l'esplanade de la maison de la culture Taous-Amrouche. Ils se sont organisés en carrés : la fédération de wilaya des travaux publics, la fédération Snapap de la santé de la wilaya de Béjaïa, la section Snapap du CHU, de l'université et de plusieurs communes. Ils ont été rejoints par les retraités, une catégorie très engagée depuis le 22 février dernier. D'ailleurs, ce sont les mêmes slogans mis en avant par le hirak, lors des manifestations des vendredis et mardis, qu'ils ont repris hier pour l'occasion : "Ulac l'vot, ulac" (Pas de vote ou non à l'élection présidentielle), "Pas de vote avec el-îssaba" (Pas de vote avec la bande maffieuse), tout en s'en prenant au chef d'état-major et au commandement militaire : "Les généraux à la poubelle, wal djazaïr tatleb istiqlal. Chaâb yourid el istiqlal" (Et l'Algérie réclame l'indépendance.) Ou encore : "La Bedoui, la Bensalah. El Gaïd machi salah. Gaâ machi salhine. Yetnahaw gaâ" (Ni Bedoui ni Bensalah. Gaïd Salah n'est pas à la hauteur. Ils doivent tous partir), "Ya men âch, ya men âch, El Gaïd Salah fi El-Harrach" (Quand verra-t-on Gaïd Salah à El-Harrach). Au cours de cette manifestation à laquelle ont pris part beaucoup de femmes, certaines sont venues avec des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Pas de vote avec la mafia", "Primauté du civil sur le militaire". Tout en déployant le drapeau national et l'emblème amazigh, les manifestants ont observé devant le siège de la wilaya une halte pour dénoncer ce qu'ils ont qualifié de "reste d'el-îssaba" et scandé "La hiwar, la chiwar, errahil obligatoire" (Ni dialogue, ni concertation, le départ (du système) est obligatoire), "Chaâb yenad atsruhem, atruhem, atruhem" (Le peuple a décidé que vous partirez, vous partirez) ; "Goulna tetnehaw gaâ" (On a dit : vous dégagerez tous). Ou encore "Esmaâ ya el Gaïd, machi âaskaria. Esmaâ ya el Gaïd, dawla madania" (Ecoutez bien Gaïd Salah, Etat civil, non militaire), "Les généraux à la poubelle, El-Djazaïr t'hab el istiklal" (Les généraux à la poubelle. Indépendance de l'Algérie). Les protestataires se sont rendus ensuite à la place de la Liberté d'expression Saïd-Mekbel pour y organiser un rassemblement. Ils en ont profité pour scander pendant plusieurs minutes : "Libérez les otages, libérez les otages", allusion au moudjahid Lakhdar Bouregâa et aux manifestants arrêtés pour port du drapeau amazigh et délit d'opinion. M. OUYOUGOUTE