Comme chaque année, on nous dit la même ritournelle : un logiciel amélioré va s'occuper de répartir les nouveaux bacheliers à travers les écoles et les instituts. Ce ne sera pas forcément rationnel, ce ne sera pas forcément satisfaisant pour tous les postulants, mais ce sera au moins plus objectif et, surtout, plus juste. L'auteur du logiciel ne semble pas avoir eu le souci de la finalité de son œuvre : l'orientation pédagogique. Quand un mécanisme arrive à diriger un bachelier en “sciences”, ayant obtenu une moyenne de 12 sur 20 vers la philosophie, alors que sa note dans la matière n'est que de 7,5, c'est qu'il y a incohérence dans la conception même du système. À moins d'avoir été créé pour assumer les erreurs d'orientation post-scolaire, il ne devrait pas se retrouver à obliger un lycéen “scientifique” à s'inscrire en filière “littéraire”. Le programme informatique joue ici le rôle de bouc émissaire de l'incohérence du système scolaire-universitaire et, donc, de l'incapacité institutionnelle à gérer la transition lycée-université. Visiblement, la basse besogne qui consiste à prendre en charge ces orientations, devenues déviations, pédagogiques par une machine constitue une sournoise fuite en avant. Faute de choix, l'élève doit être convaincu d'un minimum de rapport entre sa filière au baccalauréat et sa filière universitaire. Et tous les élèves y ont droit. D'ailleurs, le système ne semble pas faire confiance à “son” logiciel. Pas seulement pour son imperfection, mais aussi parce qu'il ne peut se soumettre au bon vouloir d'un instrument impersonnel. Il paraît qu'un système de quotas est prévu pour réparer les éventuelles “injustices” faites aux enfants de la nomenklatura. Ceux-ci ne vont tout de même pas se laisser imposer la rigueur d'un automatisme créé à l'intention de la masse. Le logiciel n'est donc pas souverain pour le dispatching de l'ensemble des places pédagogiques. Il subsiste des postes que l'administration peut redistribuer à loisir. Ce qui tient lieu de politique d'orientation universitaire consiste, en fait, à gérer les écarts entre l'offre et la demande de places pédagogiques. Si une filière est trop réclamée, on y applique des critères d'accès d'autant plus rigides ; si les bacheliers s'en détournent, on en facilite l'entrée. Ainsi, l'Université des sciences et technologies de Bab-Ezzouar est plus accessible que l'institut des sciences commerciales et la pharmacie de meilleur abord que la médecine. L'université n'offre point ce qu'elle doit, mais ce qu'elle peut. Ce n'est plus de l'orientation ; c'est une gestion de l'anarchie. Une bourse des places pédagogiques. Avec le souci de ne pas frustrer les aspirations de quelques privilégiés. M. H.